Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/570

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VEN TSONG. Huitième empereur.
A régné trois ans.


Il semble que ce prince s’était rendu digne du trône, dès là qu’il l’avait regardé avec tant d’indifférence ; et en effet le soin qu’il prit d’avoir de bons ministres, et la docilité avec laquelle il suivit leurs conseils, mérita des éloges. On ne l’a blâmé que d’une chose, c’est d’avoir reçu dans son palais avec les plus grands honneurs le grand lama, chef de la religion des bonzes du Thibet, et d’avoir ordonné à ses courtisans de le traiter avec le plus profond respect.

On vit les plus grands seigneurs saluer ce bonze à genoux, et lui offrir du vin dans cette humiliante posture, tandis qu’il ne daignait pas tant soit peu se remuer de sa place, ni donner la moindre marque de civilité.

Sur quoi un des principaux courtisans, extrêmement piqué de cet orgueil : « Bon homme, lui dit-il, je sais que vous êtes le disciple de Fo, et le maître des bonzes ; mais peut-être ignorez-vous que je suis disciple de Confucius, et que je tiens un des premiers rangs parmi les lettrés de l’empire ; il est bon de vous l’apprendre ; ainsi agissons sans cérémonie, » et en même temps se tenant debout, il lui présenta la coupe. Le grand lama se leva de son siège, prit la coupe en souriant, et la but.

Ven tsong mourut la neuvième année du cycle à l’âge de vingt-neuf ans. Ning tsong lui succéda ; mais comme il ne vécut que deux mois, on ne le met point au rang des empereurs. On fit venir de la province de Quang si son frère aîné nommé Chun, qui était fils du septième empereur et qui n’avait que treize ans, et on le plaça sur le trône.


CHUN TI. Neuvième empereur.
A régné trente-cinq ans.


C’est le dernier des princes tartares de cette dynastie qui ait gouverné la Chine. Peu à peu ces princes amollis par les délices d’un climat si beau et si fertile, dégénérèrent du courage et de la bravoure de leurs ancêtres, et trouvèrent dans les Chinois mêmes qu’ils avaient subjugué, un peuple aguerri, qui leur arracha leur conquête, et les chassa pour toujours de l’empire.

Chun ti, quoique d’un riche naturel, s’attira cette disgrâce par sa molle indolence, et par l’amour des plaisirs, qui lui firent abandonner