Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/598

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comme leurs libérateurs, et se soumirent avec joie à leur domination.

Il y avait déjà onze provinces réduites sous la puissance de l’empereur tartare, et il n’en restait plus que quatre au midi qui obéissaient à l’empereur chinois. La cour envoya trois différentes armées pour les soumettre. On assiégea la capitale de la province de Quang tong. Ce siège dura un an entier avec de grandes pertes de part et d’autre : mais enfin la ville fut prise et abandonnée pendant dix jours au pillage des soldats.

On marcha ensuite à Chao king, où Yong lié tenait sa cour ; mais ce prince n’ayant pas des forces capables de résister au vainqueur, se retira d’abord dans la province de Quang si, et ensuite dans celle d’Yun nan.

L’année suivante, c’est-à-dire, la vingt-huitième du cycle, arriva la mort d’A ma van oncle, et tuteur de l’empereur. Il fut autant regretté après sa mort, qu’il s’était fait estimer des Chinois par ses grandes qualités, et par la douceur de son caractère. C’est proprement lui qui a affermi sur le trône la famille régnante des Tartares.

Son frère, qui avait une petite souveraineté, prétendit lui succéder dans la tutelle du jeune empereur ; mais tous les Grands s’y opposèrent, sur ce que l’empereur ayant quatorze ans, et étant marié à la fille du prince des Tartares occidentaux, il était capable de gouverner l’empire par lui-même. Ils en vinrent jusqu’à suspendre aux portes de leurs palais les marques de leurs dignités, disant qu’ils ne les recevraient que de la main de Chun tchi.

Il fut donc réglé que ce prince prendrait en main les rênes du gouvernement. Il le fit d’une manière qui lui gagna d’abord le cœur des peuples. Au lieu que les empereurs chinois avaient coutume de se tenir renfermés dans leurs palais, Chun tchi plus populaire, commença par se montrer en public, et donner un accès facile auprès de sa personne.

Il ne changea rien, ni dans les lois, ni dans le gouvernement de la Chine, ne permettant pas même aux Chinois d’apprendre la langue tartare, sans une dispense particulière.

Il conserva les six tribunaux souverains : mais il voulut qu’ils ne fussent qu’à Peking ; ainsi ceux de Nan king furent supprimés ; et il régla qu’outre le président chinois, il y en aurait aussi un autre tartare.

Il continua de ne confier qu’aux lettrés le gouvernement des villes et des provinces ; et comme le salut, ou la perte de l’empire, dépend du choix qu’on fait des sujets pour remplir des postes si importants, ayant appris que des lettrés avaient acheté les suffrages des examinateurs, il fit trancher la tête à trente-six de ces examinateurs, et condamna les lettrés à subir un nouvel examen.

Il accorda la grâce à ceux, qui par leur capacité furent admis aux degrés ; mais pour les autres il les relégua avec toute leur famille