plus considérable des ancêtres, ou du moins son nom avec les noms des hommes, des femmes, et des enfants de la famille, rangés des deux côtés, et écrits sur des tablettes, ou petites planches de bois, de la hauteur d’environ un pied, avec l’âge, la qualité, l’emploi et le jour que chacun d’eux est décédé.
Tous les parents s’assemblent dans cette salle au printemps, et quelquefois dans l’automne ; les plus riches font préparer un festin ; on charge plusieurs tables d’une quantité de plats de viandes, de jus de fruits, de parfums, de vin, et de bougies, à peu près avec les mêmes cérémonies, que leurs enfants pratiquaient à leur égard, lorsqu’ils étaient vivants, et qui se pratiquent à l’égard des mandarins le jour de leur naissance, ou quand ils prennent possession de leurs gouvernements. Pour ce qui est de ceux du petit peuple, qui n’ont pas le moyen d’avoir un bâtiment destiné à ces usages, ils se contentent de placer le nom des ancêtres les plus proches, dans l’endroit le plus apparent de leur maison.
Les autres cérémonies se pratiquent au moins une fois l’année, au lieu même de la sépulture des ancêtres. Comme les tombeaux sont hors de la ville, et souvent dans des montagnes, les enfants s’y rendent avec leurs parents chaque année, à un certain temps qui se trouve depuis le commencement d’avril jusqu’au commencement de mai ; ils commencent par arracher les herbes et les broussailles qui environnent le sépulcre ; après quoi ils leur donnent des marques de respect, de reconnaissance, et de douleur, avec les mêmes cérémonies qu’ils ont observées à leur mort ; puis ils mettent sur le tombeau du vin et des viandes, qui leur servent ensuite à se régaler tous ensemble.
On ne peut disconvenir que les Chinois, qui sont excessifs dans toutes leurs cérémonies, ne le soient encore plus dans la manière dont ils honorent les défunts ; mais c’est une maxime établie par leurs lois et par l’usage, qu’il faut rendre à ceux qui sont décédés, les mêmes honneurs qu’on leur rendait quand ils étaient vivants.
Dans le livre Lun yu Confucius dit, qu’il faut rendre les devoirs aux morts, comme s’ils étaient présents et pleins de vie : un de ses disciples expliquant ces paroles, dit que quand son maître offrait aux morts ce qu’on a coutume de leur présenter, il le faisait avec beaucoup d’affection ; et pour s’y porter davantage, il s’imaginait qu’il les voyait, et qu’il les entendait ; et parce qu’il y avait longtemps qu’ils étaient morts, il se les rappelait de temps en temps dans l’esprit.
Dans le livre du Li ki, le fameux Pe hu tung qui vivait sous l’empire de Han chao, dit que la raison pour laquelle on fait ce petit tableau, est que l’âme ou l’esprit du mort étant invisible, il faut un objet sensible, qui porte un enfant à se ressouvenir de ses parents, qui puisse arrêter son cœur et sa vue et lui donner de la consolation. Un père étant enterré, il ne reste plus rien aux enfants qui puisse fixer leurs cœurs ; c’est ce qui les porte à faire un tableau, pour lui faire honneur.
Les anciens Chinois se servaient d’un petit enfant, comme d’une image