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à la Chine, il y en a quelques-uns plus extraordinaires que je vais décrire plus en détail ; si je ne dis rien de tous les autres, c’est que mon dessein n’est pas de donner une histoire naturelle de cet empire ; cette entreprise me mènerait trop loin et doit être la matière d’un autre ouvrage.


De l'arbre Ou kieou mou.

Un des arbres le plus singulier, et qui ne se voit nulle part ailleurs, est celui qui porte un fruit dont on tire du suif, et que les Chinois nomment ou kieou mou : il est fort commun dans les provinces de Tche kiang, de Kiang nan, et de Kiang si. Le père Martini en a donné une assez juste idée, lorsqu’il a parlé de la ville de Kin hoa dans la province de Tche kiang. Cet arbre que ce Père compare à nos poiriers, a aussi beaucoup de rapport au tremble et au bouleau, du moins pour ce qui regarde ses feuilles et leur long pédicule : la plupart sont de la grandeur et de la forme de nos cerisiers par le tronc et les branches : il y en a quelques-uns aussi hauts que nos grands poiriers.

L’écorce en est d’un gris blanchâtre un peu douce au toucher ; les petites branches sont longues, déliées, flexibles, et garnies de feuilles, seulement depuis le milieu jusqu’à l’extrémité, où elles sont comme en touffe, mais plus petites, et souvent recoquillées et creuses en forme de gondole : elles sont d’un vert obscur, lissées par dessus, et blanchâtres par dessous, fort minces, sèches, médiocrement grandes, et de figure de losange, dont les angles latéraux sont arrondis, et l’extrémité allongée en pointe : elles sont attachées aux branches par des pédicules longs, secs et déliés, la côte de la feuille et ses fibres sont aussi rondes, sèches, et déliées : ses feuilles sur l’arrière saison, c’est-à-dire vers le mois de novembre et de décembre, deviennent rouges avant que de tomber, comme il arrive aux feuilles de vigne et de poirier.

Le fruit croît à l’extrémité des branches par bouquets : il y est attaché par des pédicules ligneux fort courts, et qui ne semblent être qu’une continuation de la branche même : ce fruit est renfermé dans une capsule dure et ligneuse, brune, un peu raboteuse, et de figure triangulaire, dont les angles sont arrondis à peu près de la façon que le sont ces petits fruits ou grains rouges, que porte le troène, nommés vulgairement bonnets de prêtre.

Ces capsules ou étuis, renferment ordinairement trois petits noyaux, chacun de la grosseur d’un petit pois, ronds en dehors, et un peu aplatis par les côtés qui se touchent : chacun de ces noyaux est couvert d’une légère couche de suif très blanc et assez dur ; le pédicule se partage comme en trois autres plus petits, qui ne sont que des filets, et pénètre par le milieu du fruit entre ces trois noyaux, de sorte que les extrémités de ces filets vont s’insérer à la pointe supérieure de chacun des noyaux, auxquels ils paraissent attachés et pendants.

Lorsque la capsule, qui est composée de six petits feuillages creux et de forme ovale, vient à s’entrouvrir, et à tomber d’elle même peu à peu, le fruit paraît hors de ses enveloppes, ce qui fait un très bel effet à la vue, surtout pendant l’hiver ; ces arbres paraissent alors tout couverts