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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/530

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Il y a[1] cette onzième lune une éclipse de soleil : quel avertissement n’est-ce pas pour moi ? D’un côté, je considère que sur ma faible personne roule le soin de soutenir ma maison, de maintenir dans le devoir, peuples, officiers, princes, et rois ; enfin de rendre heureux tout l’empire. De l’autre, je fais attention que chargé d’un si grand poids, je n’ai que deux ou trois personnes, qui m’aident à le soutenir : je sens mon insuffisance. En haut les astres perdent la lumière ; en bas mes sujets sont dans l’indigence. Je reconnais en tout cela mon peu de vertu.

Aussitôt que cette déclaration sera publiée, qu’on examine dans tout l’empire avec toute l’attention possible, quelles sont mes fautes, afin de m’en avertir. Qu’on cherche, et qu’on me présente pour cet emploi, les personnes qui ont le plus de lumière, de droiture, et de fermeté. De mon côté, je recommande à tous ceux qui sont en charge, de s’appliquer plus que jamais à bien remplir leurs devoirs, et surtout à retrancher au profit du peuple toute dépense inutile, je veux en donner l’exemple, et ne pouvant laisser mes frontières entièrement dépourvues de troupes, je donne ordre qu’on n’y en laisse que ce qui est nécessaire.

Sur cette déclaration l’empereur dit : Nous lisons dans le Chi king[2] : tout invisible qu’il est, il est proche. Il n’est donc point de temps où il soit permis de se relâcher dans le service du Chang ti : mais à l’occasion des éclipses de soleil, qui sont comme des avis de Tien[3], on redouble son attention et son respect.

Une glose dit : c’est ici la première fois que nos empereurs, à l’occasion des calamités publiques, ou des phénomènes extraordinaires, aient demandé qu’on les avertisse de leurs fautes. Depuis cette déclaration de Ven ti, il s’en est fait beaucoup de semblables.





Autre déclaration du même empereur Ven ti, portant abrogation d’une loi qui défendait de critiquer la forme du gouvernement.


Du temps de nos anciens empereurs, on exposait à la cour, d’un côté une bannière, où chacun pouvait écrire et proposer librement le bien qu’il jugeait qu’on devait faire ; de l’autre côté une planche, où chacun pouvait marquer les défauts du gouvernement, et ce qu’il y trouvait

  1. On peut aussi traduire il y a eu. Ce texte ne détermine point le temps.
  2. Chi, signifie vers, odes. King signifie règle. Ce livre est un des anciens, qui sont la grande règle dans l'estime des Chinois. Chang, suprême : Ti, empereur, maître, seigneur.
  3. On ne traduit point cette expression ; on laisse au lecteur à juger par la suite des endroits où il la trouvera, du sens qu'il convient de lui donner.