Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/541

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soutenir comme il faut l’honneur du trône, et procurer le bien de l’empire.

J’aspire surtout à faire valoir l’agriculture, et à ne mettre dans les emplois, que des personnes qui en soient bien dignes. Je laboure la terre pour donner l’exemple[1]. Je fais honneur à ceux qui se distinguent dans ce travail, et j’ai souvent pour cela des envoyés en campagne. Je m’informe avec grand soin des pauvres, des orphelins, des gens sans appui. Enfin je pense sans cesse aux moyens de rendre mon règne recommandable, en rendant mes sujets vertueux et contents. Malgré cela, je ne puis pas dire que j’y aie tant soit peu réussi. Les saisons sont déréglées, l’air est corrompu, les maladies règnent, il meurt quantité de monde, mes peuples souffrent ; et je ne sais à quoi attribuer ces malheurs, si ce n’est peut-être, que malgré mes bonnes intentions, il y a encore du mélange dans ceux que j’ai mis en charge. C’est pour m’aider à un examen si nécessaire et si difficile, que j’ai fait chercher exprès de toutes parts, et appelle à ma cour bon nombre de gens de réputation.

C’est donc à vous, Grands de l’empire, à vous, dis-je, en général, et à chacun de vous en particulier, que cette déclaration s’adresse. Nous vous enjoignons étroitement d’examiner avec soin ce qu’il peut y avoir de défectueux dans le gouvernement. Dans les points où il s’éloigne peut-être de la sage antiquité, voyez si c’est avec raison, ou par négligence. Communiquez-nous vos vues. Exposez les moyens et les expédients, que vous jugerez convenables. Dressez de tout cela un mémoire exact et en le dressant, prenez surtout garde à deux choses, nous vous l’enjoignons expressément. 1° Ne vous bornez pas à me débiter de beaux discours ; mais appuyez principalement sur ce qui est de pratique. 2° Que ni le respect, ni la crainte, ne vous empêchent pas de parler avec liberté. Car telle est notre volonté.


Dans le livre d’où ces pièces sont tirées, il y a encore quelques déclarations de l’empereur Vou ti, dont la matière est toute semblable aux deux précédentes. Sur une de ces pièces, l’empereur Cang hi dit : Cette pièce seule fait assez voir que sous Vou ti régnait la politesse et le beau langage. Je ne sais si l’empereur s’exprima de la sorte. Du moins on cite aussitôt après un auteur nommé Tching te lieou, qui dit : les déclarations de Vou ti sont trop étudiées. Il y a du goût et du style, mais bien du vide. J’aime beaucoup mieux celles de Ven ti[2] : le langage en est plus simple, mais il n’en est pas moins bon ; et pour le fond elles vont beaucoup plus droit au bien réel et solide. Je trouve encore dans le même livre d’autres déclarations et ordonnances du même empereur Vou ti, soit pour des remises de ses droits, soit pour fournir de son trésor aux vieillards et autres nécessiteux.

Sur quoi l’empereur Cang hi dit : Vou ti en tout ceci imita bien Ven ti son

  1. Cette coutume venait de l'Antiquité.
  2. J'en ai mis ci-devant quelques unes.