Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/746

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règlement de son invention, qui tendait à la ruine des peuples. Sa mémoire est encore aujourd’hui en exécration. Ainsi la prédiction de Sou siun se vérifia du moins en partie.


Discours de Yu tsing contre les augures, et contre les historiens qui les ramassent et les font valoir.


Quels hommes que nos anciens rois ! Leurs paroles étaient autant de maximes propres à servir de lois à tout l’univers ; leurs actions, autant d’exemples propres à servir de modèles à tous les siècles. Cependant, tout sages et tout vertueux qu’étaient ces grands hommes, ils se défiaient encore d’eux-mêmes. Ils craignaient de se relâcher et de s’oublier. Pour se tenir en haleine, ou pour être redressés en cas de besoin, parmi les officiers de leur suite, ils en avaient dont l’emploi était de remarquer leurs paroles et leurs actions, d’en porter un jugement équitable, et de les faire passer aux siècles futurs. Telle était dans la première institution la fonction principale des historiens. Tenir un registre des mois et des jours, pour avertir à temps des cérémonies réglées, ; n’était que l’accessoire de cet emploi. Les anciens livres, contiennent les paroles de nos anciens empereurs. Le livre qui a pour titre Tao ki, et celui qui a pour titre Tchun tsiou, l’un fait à Tsou, l’autre à Lou, sont des histoires, où l’on rapporte les actions et les discours, les conventions et les traités, le bien et le mal, les succès bons ou mauvais.

Pour ce qui est des augures ou des présages, ces livres n’en font aucun cas. Quand nous descendons à l’histoire des Han, nous trouvons qu’on les y ramasse et qu’on les étale avec soin. D’abord c’est une espèce de tchi, plante singulière et de couleur rouge. Vient ensuite, un oye sauvage tout blanc. Ici c’est une source de vin doux. Là c’est une rosée sucrée : sous un règne on a remarqué quelque nuage extraordinaire. Sous un autre, il s’est trouvé quelque vase antique et précieux. Le tout y est donné ou comme un effet de la vertu du prince qui règne ou comme un présage assuré de ses succès. Jamais la sage et saine antiquité ne regarda une histoire comme défectueuse, pour n’avoir rien de semblable. Et s’amuser à ramasser toutes ces choses, c’est assurément s’écarter de la fin primitive de l’histoire.

Pour moi, je dis que le bonheur ou le malheur des États, dépend de la vertu ou du vice, et non pas de ces prétendus augures bons ou mauvais. Ce qui rendit heureux et fameux le règne de Yao, ce fut l’union qu’il procura entre tous ses proches, et la bonne intelligence qu’il établit entre les différents royaumes. Chun sut distinguer parmi les officiers de la cour, quatre méchants hommes, et les chasser. Il sut en employer seize autres également vertueux et capables. C’est par là principalement, qu’il se montra