Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/793

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qualités ; qu’il en a recherché la cause, et qu’il croit l’avoir trouvée. C’est, dit-il nettement au prince, que dans le choix de vos officiers, vous ne suivez point la raison et l’équité. Vous craignez même de mettre en place des gens droits et fermes. Pourquoi cela ? parce que des gens de ce caractère s’opposeraient avec force à ces favoris domestiques, qui brouillent tout, auxquels, dès votre jeunesse, vous vous êtes comme livré par trop de condescendance...

Tchu hi après avoir parlé à peu près sur ce ton dans tout son discours qui est fort long, finit par s’humilier, et par excuser en quatre mots sa liberté. Il proteste qu’elle est un pur effet de son zèle pour l’État, et pour la propre gloire du prince.


Une glose dit que l’empereur reçut très bien les avis de Tchu hi ; elle ne dit pas s’il en profita.


La cinquième des années Chao hing, Tchu hi fut appelé à la cour, où il eut l’honorable emploi de lire et d’expliquer à l’empereur les livres qu’on appelle King. Il fit son remerciement par écrit, selon la coutume. Dans ce remerciement, après avoir loué l’ardeur du prince à s’instruire et protesté modestement de son peu de capacité, il ajoute ce qui suit.


Aussi ai-je été saisi de crainte, quand on m’a déclaré vos ordres, je n’osais d’abord accepter l’honneur que vous me faisiez. Ensuite j’ai fait attention à ces vérités si connues ; que l’homme reçoit de Tien une nature capable de toutes les vertus, qu’il peut non seulement connaître et distinguer les différents devoirs de prince et de sujet, de père et de fils, etc. Mais encore juger et déterminer ce qui convient ou ne convient pas dans les différentes affaires, et dans les diverses conjonctures où il se trouve ; mais qu’en même temps qu’il est capable de tant de choses, il est d’un autre côté sujet à se ressentir des altérations de la matière, et à se laisser toucher aux objets sensibles ; que naturellement il serait à craindre que sa raison négligée venant à s’obscurcir peu à peu, il ne tombât dans un aveuglement funeste sur ses devoirs, et n’y demeurât toute sa vie ; que l’étude par conséquent et l’application sont autant nécessaires aux grands qu’aux petits, enfin que pour vous aider en ce travail, il n’était point nécessaire d’avoir beaucoup d’éloquence et de politesse.

Après avoir fait ces réflexions, il m’a paru qu’ayant donné, comme j’ai fait, beaucoup de temps à l’étude de nos King, je pourrais peut-être en effet vous êtes utile, ne fût-ce qu’en vous proposant la méthode que j’ai suivie en