les étudiant. La voici en peu de mots. Ce qu’il y a d’essentiel en cette matière, c’est de bien pénétrer le fond et la raison de chaque chose. Nos livres sont pour cela d’un grand secours. C’est dans cette vue qu’il faut les lire. Mais il y a manière de le faire avec fruit. Quand on est sur un endroit, il faut, avant que de passer outre, s’efforcer de le bien comprendre, d’y découvrir ce qu’il y a de plus pur et de plus parfait, et de ne rien laisser échapper de ce qui s’en peut tirer. Or c’est à quoi on ne peut réussir, sans se tenir constamment dans une attention respectueuse, qui a sa difficulté, et qui ne peut être que le fruit d’une résolution bien ferme, etc.
Tchu hi reprend encore ce qu’il a indiqué, et il l’étend : mais il appuya principalement sur l’importance et la nécessité d’une attention respectueuse, qu’il appelle en un mot King[1].
Pour ce qui est de ce que j’ai dit, qu’il faut, en lisant chaque endroit, s’efforcer d’atteindre à ce qu’il y a de plus parfait, il est clair que cela dépend de Sin[2]. Or ce sin de l’homme, qu’est-ce ? C’est un être qui est très hin[3], très ling[4] et très chin, d’une excellence que nous ne pouvons entièrement pénétrer, qui doit présider dans chacun de nous, tant aux mouvements personnels, qu’aux actions de la vie civile, et dont par conséquent la présence et l’attention est à chaque instant nécessaire. En effet, si le sin de l’homme s’échappe et s’envole, pour ainsi parler, après les objets sensibles dont le corps est environné ; sa personne et sa conduite se ressentent aussitôt de l’absence de ce maître. En vain un homme aurait alors le corps courbé, et les yeux attachés sur un livre. Peu attentif à lui-même, comment serait-il en état de méditer les paroles de nos anciens sages, d’examiner dans chaque action et dans chaque affaire les différentes circonstances, d’y puiser des lumières sur ses devoirs, et d’en tirer pour sa conduite des conclusions de pratique ? Le sage, dit Confucius, s’il n’est attentif et appliqué, ne sera pas longtemps sage. L’étude et l’application que
- ↑ King. Respect, attention respectueuse, être attentif avec respect, respecter, honorer, etc.
- ↑ Sin, Ci-devant quand j’ai rencontré cette lettre, je l’ai traduite par le mot français, cœur, parce qu’en effet cette expression chinoise, aussi bien que la française, signifie, selon qu’on l’emploie, ou cette partie du corps qui donne aux autres le mouvement, ou les affections de la volonté. Mais ici, comme en bien d’autres endroits, il est clair que l’expression sin a plus d’étendue, et signifie l’âme, l’esprit. J’ai cependant mieux aimé ne point traduire dans le texte cette expression, et quelques autres ; par exemple, nin, qui, selon la définition qu’en font les Chinois, se dit de ce qui est excellent, mais difficile à approfondir et à bien comprendre, miao eul pou ko tse, et qui dans l’usage se dit des esprits qu’on honore ou religieusement, ou civilement, de ceux dont on raconte des apparitions, etc. Item, des empereurs, dont on veut louer la pénétration et la sublime sagesse.
- ↑ Hin, qui signifie subtil, imperceptible, vide, et qui dans ce dernier sens s’emploie dans le physique et dans le moral, principalement avec la lettre sin ; de sorte que hin sin dans un usage commun et très connu, signifie sans préjugé ; par exemple, écouter hin sin une chose, c’est l’écouter sans préjugés dans l’esprit et dans le cœur.
- ↑ Ling qui selon les dictionnaires et l’usage, signifie intelligence, Providence, pouvoir occulte de secourir et d’agir.