Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/64

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ou le beau temps selon le besoin. Voici l’instruction que Sa Majesté leur donna pour réponse, laquelle fut publiée par tout l’empire, et affichée aux carrefours des villes, avec le sceau du mandarin.

« Sur ce que j’ai averti quelques-uns des principaux officiers des provinces, de prévenir le dommage que les insectes peuvent causer dans les campagnes, on a mal interprété l’intention de mes ordres, et on y a donné un sens détourné, qui ne leur convient point. On s’est imaginé mal à propos, que je donne dans l’erreur ridicule de ceux qui ajoutent foi à ces esprits, qu’on appelle kouei chin ; comme si je croyais que les prières faites à ces prétendus esprits, soient un remède à nos afflictions. Voici donc ce que je veux dire.

« Il y a entre le Tien et l’homme un rapport, une correspondance sûre, infaillible, pour les récompenses et pour les châtiments. Lorsque nos campagnes sont ravagées, ou par les inondations, ou par la sécheresse, ou par les insectes, quelle est la cause de ces calamités ? Elles viennent peut-être de l’empereur même, qui s’écarte de la droiture nécessaire pour bien gouverner, et qui force le Tien à employer ces châtiments pour le faire rentrer dans son devoir. Peut-être aussi viennent-elles de ce que les principaux officiers de la province, sur laquelle tombent ces malheurs, ne cherchent pas le bien public et ne prennent pas la justice pour règle de leur conduite. Ne viennent-elles point aussi ces calamités, ou de ce que les gouverneurs des villes ne se comportent pas avec équité, ou ne donnent pas au peuple les exemples et les instructions convenables ; ou de ce que dans telle province dans tel pays, on viole les lois, on méprise les coutumes, on vit dans le désordre ? Alors le cœur de l’homme étant corrompu, cette belle union, qui doit être entre le Tien et l’homme, se trouble, se rompt ; et les adversités, les malheurs fondent sur nous en abondance. Car les hommes manquant ici-bas à leur devoir, le Tien alors change l’inclination bienfaisante qu’il avait à leur égard.

« Persuadé de cette doctrine, qui est indubitable, aussitôt qu’on m’avertit que quelque province souffre, ou d’une longue sécheresse, ou de l’excès des pluies, je rentre aussitôt dans moi-même, j’examine avec soin ma conduite ; je pense à rectifier les dérèglements qui se seraient introduits dans mon palais. Le matin, le soir, tout le jour je me tiens dans le respect et dans la crainte. Je m’applique à donner au Tien des marques de droiture et de piété, dans l’espérance que par une vie régulière, je ferai changer la volonté que le Tien a de nous punir.

«C’est à vous, grands officiers, qui gouvernez les provinces, c’est à vous à me seconder. C’est à vous, gouverneurs des villes, c’est à vous, peuple, soldats, et autres, de quelque qualité et condition que vous soyez ; c’est à vous, dis-je, à vous acquitter aussi de ce devoir. Veillez sur vous-mêmes, conservez-vous dans la crainte, examinez votre conduite, travaillez à vous perfectionner, aidez-vous, exhortez-vous mutuellement les uns les autres, réformez vos mœurs, faites effort,