Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/65

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corrigez vos défauts, repentez-vous de vos péchés, suivez le chemin de la vérité, quittez celui de l’erreur ; et soyez assurés que, si de notre part nous remplissons tous nos devoirs, le Tien se laissera fléchir par notre conduite bien réglée, et nous attirerons sur nous sa paix et sa protection. La disette, l’affliction disparaîtront ; l’abondance, l’allégresse prendront leur place, et nous aurons le plaisir de voir se renouveler de nos jours, ce qu’on admira autrefois sous le règne heureux de l’illustre prince Tching tang.

« Car je ne puis trop vous le répéter ; pour prévenir les calamités, il n’y a pas de moyen plus sûr, que de veiller sur soi-même, de se tenir dans la crainte, et de travailler à sa perfection. Il faut examiner sa conduite, corriger ses fautes, honorer sincèrement, et respecter le Tien. C’est par cette attention et ce respect qu’on le touche, et qu’on le fléchit. Quand on vous dit de prier, et d’invoquer les esprits, que prétend-on ? C’est tout au plus d’emprunter leur entremise, pour représenter au Tien la sincérité de notre respect, et la ferveur de nos désirs. Prétendre donc en quelque sorte s’appuyer sur ces prières, sur ces invocations, pour éloigner de nous les infortunes, les adversités, pendant qu’on néglige son devoir, qu’on ne veille point sur soi-même, qu’on ne tient pas son cœur dans le respect et dans la crainte à l’égard du Tien pour le toucher ; c’est vouloir puiser dans le ruisseau, après avoir bouché la source ; c’est laisser l’essentiel pour s’attacher à ce qui n’est qu’accessoire. Comment pourriez-vous espérer par une telle conduite d’obtenir l’accomplissement de vos désirs ?

« De plus, faites réflexion que le Tien de sa nature se plaît à faire du bien, à répandre ses faveurs, à nous conserver, à nous protéger. S’il emploie la rigueur, c’est l’homme même qui se l’attire ; c’est lui seul qui est l’auteur de son propre malheur. Et ce qu’il y a de plus déplorable, c’est que souvent le vulgaire ignorant et incapable de réflexion, se sentant affligé, ou par l’excès des pluies, ou par la sécheresse, au lieu de rentrer dans soi-même, d’examiner sa conduite, et de corriger ses fautes passées, se livre à la douleur et au désespoir ; et ajoutant ainsi fautes sur fautes, crimes sur crimes, il achève par là de mettre le comble à son malheur. Car tenir un tel procédé, c’est détruire de plus en plus l’union qui doit être entre le Tien et l’homme ; c’est enfin forcer le Tien à décharger sur nous ses plus redoutables châtiments. Pour moi, je ne doute nullement que la stérilité et les autres calamités, que nous avons éprouvées pendant la suite de plusieurs années, n’aient eu pour cause les désordres dont je parle.

« Voici donc encore une fois ce que je pense. Je suis véritablement et intimement persuadé qu’il y a entre le Tien et l’homme une union réciproque, et une parfaite correspondance. Je suis bien éloigné d’ajouter foi à ces esprits, qu’on appelle kouei chin. C’est pour vous instruire, vous surtout, grands officiers de la couronne et des provinces, que je n’ai pas dédaigné de prendre la plume, et d’exposer clairement