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Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/238

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qui traitant pour la première fois de ces sortes d'affaires, manquaient d'expérience, et avaient de la peine à se fier à la bonne foi des Moscovites, appréhendant toujours qu'on ne leur dressât quelque embûche. Nous leur expliquâmes ce que c'était que le droit des gens, et nous leur fîmes entendre que le plénipotentiaire n'avait fait de la difficulté au commencement, que parce qu'il avait lui-même peine à croire, qu'on vînt avec un aussi grand appareil de guerre, lorsqu'on n'avait d'autre intention que de traiter de la paix. Le temps fut encore froid presque tout le jour, il plut même après midi, mais il ne tomba que quelques gouttes d'eau ; le vent ne fut pas si grand que le jour d'auparavant. Le 21 des maréchaux de camp allèrent de la part de nos ambassadeurs visiter le terrain où se devaient tenir les conférences, et marquer les lieux de part et d'autre où chacun devait se placer, et où les soldats devaient être rangés ; on dressa aussi les tentes destinées aux ambassadeurs. Le temps fut froid tout le jour, et il fit un très grand vent de nord-ouest, le ciel presque toujours couvert. Le 22 dès la pointe du jour on fit passer huit cents soldats avec leurs officiers, dont trois cents devaient être rangés proche de la tente de nos ambassadeurs, et cinq cents devaient rester avec nos barques à égale distance du lieu des conférences et de la forteresse, suivant les conventions faites le jour précédent ; nous passâmes aussi avec les maréchaux de camp pour aller attendre nos ambassadeurs de l'autre côté ; lorsque tout était prêt, un incident qui survint, pensa tout gâter. Le plénipotentiaire moscovite était seulement demeuré d'accord, que les cinq cents soldats débarqués demeureraient dans les barques mêmes, et ses gens lui ayant rapporté qu'ils étaient rangés sur le bord et plus avancés du côté du lieu où se devaient tenir les conférences, que l'on ne l'avait déterminé, il envoya demander la raison de ce changement ; nos ambassadeurs, qui n'avaient jamais fait de négociations de paix avec une autre nation, et qui n'avaient nulle connaissance du droit des gens, ne se fiaient pas trop aux Moscovites ; ils craignaient qu'on ne leur tendît quelque piège, et ils voulaient mettre leurs personnes en sûreté, ne sachant pas que le caractère d'ambassadeur rend inviolable et sacrée la personne de celui qui en est revêtu, à ses plus grands ennemis même. Ainsi ils nous firent prier d'aller trouver les plénipotentiaires moscovites, et d'obtenir d'eux la permission de laisser leurs soldats en bataille sur le rivage, ce que les plénipotentiaires moscovites nous accordèrent, après que nous leur eûmes représenté que nos ambassadeurs n'ayant aucune connaissance ni des coutumes des autres nations, ni du droit des gens, et n'ayant jamais fait aucun traité semblable à celui-ci, on devait se prêter à leur peu d'expérience, si on ne voulait s'exposer à rompre la négociation, avant même qu'elle fût commencée. Les plénipotentiaires moscovites voulurent cependant qu'on leur promît qu'il ne passerait