Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/408

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couvrit ; il tomba une grosse pluie pendant plus de deux heures, et le temps fut couvert toute la nuit. Le 6 l'empereur partit à minuit, et vint coucher à Hingho, à vingt lys de Peking, où l'impératrice douairière, quatre des principales reines, et les petits princes s'étaient rendus, de même que tous les mandarins des tribunaux, et les officiers de guerre. Le temps fut tantôt couvert, et tantôt serein ; il plut aussi à diverses reprises durant le jour, mais peu à chaque fois, et il fit toujours bien chaud. Les reines s'en retournèrent à l'entrée de la nuit, après s'être entretenues longtemps avec l'empereur. Le 7 l'empereur partit après le soleil levé. Il trouva hors la porte de Peking, tous les mandarins et les officiers de sa maison, revêtus de leurs habits de cérémonie ; comme aussi tout le Tribunal de ceux qui portent les marques de la dignité impériale, avec les trompettes, tambours, musettes, flûtes, etc. Ils étaient rangés en bel ordre, chacun portant quelques-unes de ces marques de la dignité impériale ; tous marchèrent devant Sa Majesté jusqu'au palais. Quoique les rues fussent bien nettoyées et bordées des soldats qui ont coutume de les garder, cependant tout était plein de peuple, l'empereur ayant expressément défendu de faire retirer ceux qui voudraient le voir dans cette espèce de triomphe. Sa Majesté alla droit au palais de ses ancêtres, auprès duquel étaient assemblés tous les tribunaux et tous les mandarins de Peking, revêtus de leurs habits de cérémonie, et chacun dans son ordre. Ensuite il reçut les compliments de conjouissance des princes, des Grands, et des mandarins qui le firent, selon la coutume, par trois génuflexions et neuf battements de tête contre terre ; après quoi Sa Majesté alla voir l'impératrice douairière, avant que d'entrer dans son appartement. Depuis notre retour j'ai eu occasion d'entretenir souvent le généralissime de l'armée victorieuse des Eluths. Il m'a dit qu'il avait marché plus de trois mois de suite, sans s'arrêter un seul jour ; qu'il avait été obligé de prendre un très grand détour du côté de l'occident, pour trouver de l'eau, qui est fort rare dans ce pays ; et que ne trouvant point de fourrages, tous les bestiaux de l'équipage avaient tellement souffert, qu'il n'était resté à la fin que peu de chevaux ; de sorte qu'il se vit contraint d'abandonner la plus grande partie des vivres, faute de bêtes de charge pour les porter, et presque tout leur bagage, leurs habits, leurs tentes, etc. qu'en arrivant à la rivière de Thoula, ils s'étaient vus à la dernière extrémité ; qu'ils avaient été onze jours sans avoir ni pain ni riz, tout ayant été consumé jusqu'au sien même, qu'il avait fait distribuer aux soldats ; qu'ils n'avaient plus ni bœufs ni moutons, quoique les vivres eussent tellement été ménagés, que le riz et les viandes se cuisaient publiquement dans chaque quartier en présence de tout le monde, et qu'ils étaient ensuite distribués également à tous, sans distinction d'officier ou de soldat ; qu'enfin si le roi d'Eluth n'était venu les chercher lui-même, ils ne pouvaient manquer