de périr par la faim, étant réduits à une extrême faiblesse, et dans l'impossibilité de joindre l'armée de l'empereur, quoiqu'ils n'en fussent éloignés que de quarante ou cinquante lieues. Ce général m'ajouta, que cela était arrivé par une disposition particulière du Ciel, qui avait voulu perdre les Eluths ; car, disait-il, si le Caldan eut voulu s'informer de l'état où nous étions, et qu'il se fut retiré, comme il le pouvait faire, ou qu'il se fut fortifié dans quelque passage étroit, notre armée périssait sans ressource. On dit même qu'un neveu du roi d'Eluth lui avait donné ce conseil, mais qu'il n'y avait pas déféré, il crut qu'il lui serait aise de défaire une armée épuisée de fatigues ; ainsi il vint lui-même la chercher et l'attaquer ; mais comme les soldats de cette armée n'avaient d'autre ressource que celle de vaincre, ils combattirent en désespérés, et remportèrent ainsi la victoire, qui a entraîné la destruction entière de ces Eluths, et de leur roi.
Sixième voyage du père Gerbillon en Tartarie,
fait à la suite de l'empereur de la Chine
en l'année