Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/450

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par une brèche, et marcha en dehors en chassant aux lièvres ; il en tua plus de deux cents lui seul. Tous les mandarins de Ning hia, qui n'étaient pas encore venus au-devant de Sa Majesté, s'y rendirent ce jour-là. Sa Majesté fit tirer de l'arc aux mandarins d'armes à pied et à cheval, comme il a fait durant toute la route ; et ceux qui se trouvèrent trop faibles, furent destitués de leur mandarinat. Le 15 nous fîmes 70 lys tout compté au nord-ouest, un quart de l'ouest. Le pays était encore plus inégal que le jour précédent ; mais les chemins étaient aisés. Après avoir fait les quarante premiers lys, nous passâmes proche d'un petit bourg fermé de murailles de terre nommé Hung tchen yng ; ce fut là que les officiers généraux des soldats, que l'empereur avait envoyés de Tai tong à Ning hia vingt jours avant que de partir de Peking, vinrent saluer Sa Majesté ; nous allâmes coucher dans un bourg fermé et fortifié, qui le nomme Heng tching, où il y a environ deux cents maisons, la plupart de terre, et assez misérables. Il est proche du Hoang ho, que les équipages de l'empereur commencèrent à passer dès ce jour-là. Le temps fut couvert tout le jour, ainsi nous ne prîmes pas la hauteur du pôle. Le terrain que nous traversâmes était partout sablonneux, et peu propre à la culture. Nous suivîmes toujours la grande muraille à vue, mais d'un peu plus loin que les jours précédents ; elle va jusque sur le bord du Hoang ho. Le 16 nous passâmes le Hoang ho, à deux ou trois cents pas de Heng tching pou ; il est là pour le moins aussi large qu'à Sui te tcheou, aussi profond, et ses eaux également troubles. Nous campâmes sur ses bords ; l'empereur ne voulant pas aller plus loin, afin de donner le loisir à tout l'équipage de passer commodément, comme il fit, sur près de cent barques, qu'on avait fait venir de tous côtés des autres villes, qui sont situées sur les bords du Hoang ho. Il y avait deux grandes barques, faites exprès pour l'empereur, et qui étaient peintes en dedans et en dehors. Il y avait outre cela deux grands pontons pour passer les charrettes et les bêtes de charge ; les autres barques étaient médiocres, et il n'y pouvait tenir que sept ou huit chevaux à la fois, avec des gens et du bagage ; la hauteur du pôle du lieu où nous campâmes était de trente-huit degrés trente minutes. Le 17 nous fîmes 30 lys, au nord-ouest un quart, dans une grande plaine, qui s'étend au sud à perte de vue à l'ouest et au nord-ouest, jusqu'à une chaîne de montagnes, qui est éloignée du lieu où nous passâmes le Hoang ho, d'environ cent lys. La plus grande partie de cette plaine est extrêmement fertile, surtout en riz, parce qu'elle est entrecoupée de canaux, par le moyen desquels on fait entrer l'eau dans les campagnes, pour les arroser en temps de sècheresse ; c’est pourquoi ce pays-là est fort habité. Il y a aussi beaucoup d'arbres. Comme la campagne est fort humide, la boue eût rendu les chemins impraticables en plusieurs endroits, si l'on n'avait eu soin de les réparer. Après avoir fait environ dix lys, nous trouvâmes une troupe de soldats tartares