à propos que cela fut remanié par quelqu'un qui pût combiner toutes les connaissances qu'il est plus aisé d'avoir en Europe qu'à la Chine, et que les géographes, et les historiens orientaux peuvent fournir sur ce sujet. M. d'Anville, géographe ordinaire du roi, qui des cartes particulières, levées par les pères jésuites missionnaires de la Chine, a dressé les cartes générales renfermées dans cet ouvrage, s'est chargé volontiers de remplir leur intention, étant déjà prévenu que cette partie-là était susceptible de réforme, autant à peu près qu'il en paraît dans le grand nombre de cartes données par ces Pères ; d'ailleurs, cette même partie de la Tartarie lui a paru mériter d'être recherchée avec d'autant plus de curiosité, qu'elle prend plus de part qu'aucune autre dans ce que nous avons jusqu'à présent d'histoire concernant la Tartarie. C'est à quoi M. d'Anville s'est appliqué avec un grand soin, il a bien voulu me rendre compte de son travail par un Mémoire abrégé qu'il en a fait, et que j'ai cru devoir communiquer au public. Ce pays, dit M. d'Anville, est connu dans les histoires des mahométans sous le nom de Mavver annahr, ce qui revient au nom de Trans-oziane usité communément. On a donné à ce même pays le nom de Zagathai, parce qu'il a été le partage de celui des enfants du conquérant mongol Zinghiskan, qui portait ce nom-là. Il est effacé aujourd'hui par celui d'un autre prince tartare, qui a communiqué son nom d'Uzbek à une portion des Tartares, et au pays où ces Tartares sont dominants.
Ce pays est encore indiqué actuellement par un autre nom, qui est celui de la grande Boukarie, distinguée de la petite, située vers Kashgar, et Yerg hien. Ce nom de Boukarie regarde particulièrement le pays occupé par les villes, et les habitants de ces mêmes villes, auxquels le nom de Boukares convient, à l'exclusion des Tartares nomades, répandus et dominants dans les deux Boukaries. M. d'Anville n'a pu placer ces divers noms, qui ont chacun leur convenance particulière, sur la représentation du pays auquel ils sont appliqués. Il a évité par là quelque dérangement ou confusion dans les circonstances géographiques et essentielles de ce pays, selon qu'il est exposé par le supplément dans la carte la plus générale. Comme toutes les parties de cette carte sont d'après les morceaux particuliers exprimés en détail, celle-ci a été dressée pareillement sur un morceau plus détaillé ; ou sur une minute que M. d'Anville a composée, pour pouvoir établir la position des lieux avec plus de précision, y ayant employé 15 lignes d'étendue dans l'espace de chaque degré de latitude, auquel on n'a donné que le tiers de cette étendue dans la réduction de la carte générale. On ne se persuade peut-être pas d'abord, que M. d'Anville ait trouvé plus de ressource et de sûreté à établir la position de ce pays-là par rapport à sa distance de Paris, que par rapport à celle de Peking. Cela est pourtant exactement vrai. Par l'analyse de plusieurs mesures, liées sans interruption depuis Paris jusqu'à Astracan, M. d'Anville conclut que la