Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/280

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Je les vends très-cher, et vous ne m’avez pas l’air de gens à pouvoir faire cette dépense.

Quoi ! répondirent les acheteurs, croyez-vous que c’est la première fois de notre vie que nous marchandons des œufs de cette espèce ? Nous prenez-vous pour des sots ? Nous connaissons fort bien le prix de ces œufs, on les a par-tout pour cinq pagodes la pièce. Donnez-nous-en donc un des plus gros, et recevez nos cinq pagodes.

Cinq pagodes ! reprit le propriétaire, je pourrais les vendre beaucoup plus cher à cause de leur excellente qualité ; cependant comme vous me paraissez de braves gens qui n’aimez pas à marchander, par égard pour votre franchise et vos bonnes dispositions, je veux bien consentir à vous en donner un des plus beaux pour ce prix, mais à une condition : c’est que vous ne direz nulle part que vous les avez eus à si bon marché ; car si on venait à savoir dans le public que je vous ai donné un œuf de jument de cette qualité et de cette taille pour cinq pagodes, on se moquerait de moi par-tout, et cela pourrait d’ailleurs nuire beaucoup à mon commerce.

Après que les acheteurs eurent promis au propriétaire un secret inviolable, le premier leur choisit une des plus grosses citrouilles qu’il pût trouver, reçut les cinq pagodes, et congédia