Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/281

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ses acheteurs en les invitant à emporter vite cet œuf de jument.

Lourdaud, aidé de son confrère Badaud, chargea avec beaucoup de peine la citrouille sur sa tête, et ils se mirent en route pour retourner au mata, transportés de joie l’un et l’autre d’avoir réussi au-delà de leur attente dans leur négociation.

Pendant qu’ils faisaient route ensemble, Lourdaud portant l’œuf de jument sur sa tête, et Badaud marchant devant lui pour lui montrer le bon chemin, ils se mirent à citer diverses sentences et proverbes pour se féliciter mutuellement de l’heureux marché qu’ils venaient de faire. Lourdaud ouvrit la conversation par ces paroles :

Ah ! ah ! dit-il, nos pères ont bien eu raison de dire que celui qui fait pénitence travaille à son bonheur. Nous voyons maintenant de nos propres yeux l’accomplissement de cette maxime, et nous ne saurions douter que ce ne soit par le mérite de la pénitence austère à laquelle se livre notre vertueux gourou, que nous avons aujourd’hui trouvé l’occasion d’avoir, pour la somme modique de cinq pagodes, un cheval qui, dans peu, en vaudra plus de cinquante.

Il n’y a pas le moindre doute à ce que tu viens