Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’officier supérieur, sans y assujettir l’officier inférieur en même tems.

En second lieu, toutes les duretés que les officiers de l’empereur exerçoient sur les décurions, les décurions les exerçoient sur ceux de leurs concitoïens dont la fortune étoit médiocre. Je ne rapporterai point ici ce que disent les auteurs du cinquiéme siécle et du sixiéme, sur la misere et sur le désespoir où les collecteurs des impôts avoient réduit le peuple, parce que je crois plus à propos de le garder pour l’endroit de cet ouvrage, où j’examinerai d’où venoit la facilité que trouverent les barbares à se cantonner dans les Gaules, et où je ferai voir qu’elle procedoit principalement du mécontentement géneral des sujets de l’empire, causé par la dureté du gouvernement, et par les concussions des officiers. En un mot, s’il n’y avoit sorte de vexation que les officiers du prince n’exerçassent sur les officiers municipaux, il n’y en avoit point aussi que ces officiers n’exerçassent à leur tour sur le pauvre, c’est-à-dire sur le troisiéme ordre. Comme ceux qui composoient cet ordre-là n’étoient jamais appellés à l’imposition et au recouvrement des deniers publics, le second ordre ne craignoit point qu’ils se vengeassent quand leur tour d’imposer et de lever ces deniers, seroit venu. Une de ces tyranies, c’étoit de refuser, dans les païemens qui se faisoient en deniers, les espéces d’or les plus communes, ou sous un prétexte ou sous un autre, et de vouloir être payé en especes d’or, frapées au coin de quelque prince mort depuis long-tems, et desquelles il ne pouvoit pas rester un grand nombre dans le commerce, de maniere que le pauvre débiteur, faute de pouvoir recouvrer la quantité de ces monnoyes dont il avoit besoin, étoit réduit à composer. Il falloit qu’il payât en autres especes l’exacteur, qui ne manquoit point d’évaluer chaque espece d’or qu’il avoit demandée, à une somme plus forte que ce qu’elle valoit suivant le prix des matieres, et conformement à la proportion qui étoit alors entre l’or et l’argent. Voici ce qui est ordonné contre cet abus dans l’édit de Majorien.