Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/102

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si le fils, nous augmentons encore le nombre de vos créatures. Lorsque nous voulons bien vous rendre ce fils-là, vous pouvez juger si nous faisons un bon traitement à son frere qui reste ici. J’espere donc que Laurentius votre Soldat, & que je vous ai recommandé autrefois, voudra bien à son tour me recommander à vous quand je vous rends un de ses fils, afin que vous puissiez l’avancer. La satisfaction qu’aura leur pere en revoyant l’un de ses enfans & en apprenant les bons traitemens qu’on fait à l’autre dans sa Patrie, & que je me propose même de lui mener lorsque j’irai à Constantinople, méritera bien qu’il m’accorde la faveur que j’attends de lui. » Nous parlerons dans la suite du voyage de Sigismond à la cour de l’empereur d’Orient.

Il est sensible par cette lettre que Laurentius étoit né dans les Gaules, qu’il y avoit laissé deux fils lorsque Gondebaud l’avoit envoyé à Constantinople, où il s’étoit acquis une grande consideration, parce qu’il y étoit apparemment consulté sur les affaires de sa patrie. Il paroît encore qu’il falloit que Laurentius depuis qu’il étoit en faveur à la cour d’Anastase, ne s’y fût pas toujours conduit au gré de Gondebaud, puisque Gondebaud retenoit les fils de ce Romain malgré leur pere, et qu’il n’obéïssoit pas même à l’ordre impérial qui lui enjoignoit d’envoyer à Constantinople un de ces fils. Quelle intrigue Laurentius y tramoit-il, au préjudice de Gondebaud ? Il seroit curieux de le sçavoir positivement ; mais il paroît par l’interêt que prit Clovis dans les affaires de Laurentius, auquel il fit rendre son fils par la médiation de Sigismond, qu’Avitus sçut faire agir à propos, que l’intrigue dont se mêloit ou s’étoit mêlé Laurentius, se tramoit, ou s’étoit tramée en faveur de Clovis.

Voici encore une seconde lettre écrite comme la premiere, au nom de Sigismond par Avitus, et qui concerne le fils de Laurentius. Elle est adressée à Celer qui étoit comme Vitalianus, un des senateurs de Constantinople, et qui remplit dans la suite les dignités les plus importantes de l’empire d’Orient[1].

« Mon devoir et mon inclination ne me permettent pas

  1. Sirmond. in notis ad Avit. p. 38.