Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/104

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l’empereur Anastase, et qui fut composée ainsi que les precedentes par Avitus.

» Si la distance des lieux & les circonstances presentes ne nous permettent point encore d’aller en personne vous assurer du dévouement que nous avons pour vous & comme votre Soldat, & par inclination, nous tâchons au moins de montrer des effets que nous sommes penétrés des sentimens qu’il ne nous est pas possible de vous exprimer de bouche. Nous nous imaginons d’ailleurs que toutes les fois que nous vous faisons rendre une Lettre, nous avons le bonheur d’être admis à votre audience & de vous feliciter sur la prospérité de votre regne. Quoique votre gloire éclate de l’un à l’autre bout du monde Romain, & qu’elle fasse par-tout l’entretien des Peuples & le motif de leur consolation, vous devez voir néanmoins avec quelque contentement que les personnes entre les mains de qui vous avez déposé une portion de votre pouvoir en leur conferant des Dignités qui leur communiquent le droit de faire porter les faisceaux devant elles, qui leur donnent, tout éloignées qu’elles sont de Constantinople, un rang dans votre Cour & le glorieux avantage de pouvoir se dire Romains ; que ces personnes-là, dis-je, ayent encore plus de joye que les autres des prosperités de votre regne, dont vos vertus semblent mériter que la durée soit éternelle. Rien ne fait mieux connoître la grandeur de votre Empire que la distance où sont de votre Capitalc, les lieux dans lesquels commandent vos Officiers. Il ne me reste plus qu’une grace à vous demander, c’est de ne point oublier ceux que vous avez comblés de vos bienfaits, & de n’en point perdre le souvenir, parce qu’ils habitent très-loin de votre Cour. Je me fatte donc que vous m’accorderez cette priere, qu’en con sequence vous recevrez avec bonté le Porteur de cette dépêche, & que vous daignerez même y faire une prompte réponse. »

Il ne faut point dire qu’on ne doit pas se faire sur cette lettre une idée du respect et de la déference, du moins apparen-