Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/119

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En effet, les notes dont le Pere Rouyer, qui autant que je puis le sçavoir, est le premier éditeur de cette chartre, a bien voulu l’accompagner, se trouvent plus propres à faire douter de son autenticité qu’à la prouver, parce que cet auteur faute d’avoir connu à quels événemens de la vie de Clovis, il falloit appliquer la phrase la premiere année d’après la soumission des Gaulois, en fait une application qui n’est point soutenable d’autant qu’elle est contredite par la chronologie. Or une chartre mal expliquée passe aisément pour une chartre fausse.

Le Pere Rouyer donc, après avoir allegué que dans plusieurs auteurs les Gaulois dits absolument, signifient les Gaulois de celles des provinces des Gaules qui portoient le nom de Lyonnoises, ajoute : » Je ne doute point que la soumission des Gaulois que la Chartre place dans la même année que le Baptême de Clovis, ne doive s’entendre de ce qui arriva immédiatement après la conversion de ce Prince, lorsqu’il défit Gondebaud & qu’il le contraignit à se rendre son Tributaire. Clovis qui n’étoit maître auparavant que d’une partie de la Gaule Lyonnoise, la subjugua en entier alors, &’il s’empara même de la Ville de Lyon. » Comme il est aisé de convaincre de fausseté une telle supposition par les Fastes seuls de Marius Aventicensis, où l’on voit clairement que ce ne fut qu’en l’année cinq cens, c’est-à-dire, trois ou quatre ans après le baptême de Clovis, que ce prince fit la guerre à Gondebaud, il a dû résulter d’une pareille explication, plusieurs soupçons contre l’acte mal expliqué. L’autenticité de la chartre en question aura donc paru suspecte à plusieurs sçavans, parce qu’elle contenoit, suivant cette interprétation, des faits qui ne pouvoient être conciliés avec les faits certains de notre histoire. Comme on vient de le voir ; ce fut la quatriéme année et non la premiere année d’après son baptême que Clovis fit la guerre à Gondebaud. Je ne sçais point si quelques-uns de ces sçavans ont mis leurs doutes par écrit, ou s’ils se sont contentés de les expliquer de vive voix. Ce que je