Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus d’attention, & s’il eût ensuite conferé ce qu’écrit l’Historien Grec, avec ce qui se trouve dans Gregoire de Tours, il n’auroit pas manqué d’appercevoir la verité. »

Le pere Lobineau dit dans le second volume de son Histoire de Bretagne imprimé en mil sept cens sept. » Il y aura peut » être bien des gens qui ne voudront pas se persuader que les Arboriques de Procope soient les mêmes que les Armoriques, mais en verité la difference des noms n’est point assez grande pour imaginer sur un fondement si leger je ne sçais quelle Nation d’Arboriques ou d’Arbouches dans l’Allemagne & dans le Brabant. Ce que dit Procope, que ces Arboriques étoient à l’extrémité des Gaules, qu’ils étoient Chrétiens, qu’ils étoient à craindre aux Francs, & qu’il y avoit auprès d’eux des Ariens, ne peut convenir à aucune Nation du Brabant & de l’Allemagne, & convient parfaitement aux Armoriques. Il reste à répondre sur la difference des noms, mais quand elle seroit plus grande, l’éloignement des lieux, la diversité des Langues, & peut-être un manque d’exactitude, ont pû faire tomber Procope dans cette surprise. Au reste ce changement de l’M en B, est fort naturel comme on peut le voir par ce passage d’Aeschile, &c. »

Je ne crois pas néanmoins que Procope ait écrit lui-même Arborici pour Armorici, et je pense que cette faute doit être imputée à quelque copiste, qui l’aura commise d’autant plus aisément que les lettres courantes, dont les Grecs se sont servis long-tems encore après Procope, pour l’m et pour le b, étoient deux caracteres qui se ressembloient si fort qu’il étoit facile de s’y tromper et de prendre l’un pour l’autre dans le manuscrit que l’on transcrivoit. On peut voir dans la paléographie grecque du sçavant Dom Bernard De Montfaucon, que l’m ne differoit du b, figuré à peu près comme un u, que parce qu’elle avoit un jambage. Un copiste pressé aura omis ce jambage, et il aura fait d’Armorici, Arborici. C’est donc à l’aide d’un changement si leger qu’il mérite à peine le titre de correction, qu’on rend très-clair le passage de Procope, qui ne sçauroit être bien expliqué autrement. Nous sçavons par ce moyen quelle fut la fin de cette république des Armoriques, dont Zosime nous a raconté l’origine, dont Salvien nous parle comme d’un Etat subsistant encore en quatre cens cinquante, dont l’auteur de la vie de saint Germain-L’Auxerrois, nous apprend les malheurs, et dont Sidonius et Prosper disent aussi quelque chose. Enfin ce