Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/127

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passage de Procope entendu, comme on vient de l’expliquer, nous met au fait de ce qu’ont voulu dire l’auteur des Gestes et Hincmar, lorsqu’immédiatement après avoir parlé du mariage de Clovis, fait vers l’année quatre cens quatre-vingt-treize, ils ont écrit l’un et l’autre. « Dans ce tems-là Clovis étendit son royaume jusques à la Seine, mais ce ne fut que dans les tems posterieurs qu’il l’étendit jusques à la Loire. » En effet, Clovis dont le pouvoir avoit été reconnu par les provinces obéissantes dès quatre cens quatre-vingt-treize, comme nous l’avons exposé, ne soumit qu’après son baptême, suivant Procope, et les Armoriques et les soldats Romains qui gardoient contre les Visigots plusieurs pays voisins de la Loire. Ainsi ce ne fut qu’en quatre cens quatre-vingt-dix-sept qu’il étendit son royaume jusques à ce fleuve.

Il me reste encore une chose à dire en faveur de notre correction, si petite quant au changement qu’elle fait dans la leçon de Procope, et d’une si grande importance quant à notre histoire ; c’est qu’il se trouve dans le texte de cet historien beaucoup d’autres noms propres mal écrits, et qu’il est nécessaire du consentement de tout le monde, de rétablir. Nous n’irons pas bien loin pour en chercher des preuves. Dans le même passage dont il est ici question, on lit le Po, où certainement Procope avoit mis le Rhône. Cet auteur qui avoit été long-tems en Italie sçavoit trop bien que le Po étoit un fleuve de ce pays-là, et non point un fleuve des Gaules. Si la faute de mettre Arborici pour Armorici, est faite plus d’une fois dans notre passage, celle d’avoir écrit Eridani pour Rhodani, et d’avoir ainsi fait du Rhône le Po, s’y trouve aussi repetée plusieurs fois.

Nous parlerons encore dans la suite de cet ouvrage, d’autres noms propres défigurés par les copistes de Procope. Ces copistes Grecs ayant vécu dans les derniers tems de l’empire de Constantinople, il n’est pas étonnant qu’ils ayent eu assez peu de connoissance de la géographie des Gaules, pour estropier le nom des villes, des fleuves et des nations de cette vaste contrée.

Je finirai ce chapitre par une conjecture que Vigner fait sur la réduction des Armoriques à l’obéissance de Clovis. La voici : » Ils avoient été incités par leurs Evêques à se ranger sous la loi