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des François plûtôt que des Visigots par les causes alleguées ci-dessus. En confirmation de quoi plusieurs ont écrit que S. Mélaine Evêque de Rennes[1] fut fort familier, voire un des Conseillers, du Roi Clovis, ce qui ne pouvoit être vrai s’il avoit été Sujet d’un autre Roi & non de lui. » Il seroit bien inutile après tout ce que j’ai dit des Armoriques, d’avertir le lecteur qu’il ne faut point les confondre comme l’ont fait quelques auteurs modernes, avec les Bretons Insulaires qui vinrent s’établir dans les Gaules, un petit nombre d’années après la réduction des premiers à l’obéissance de Clovis. Nous parlerons plus au long de ces Bretons Insulaires, qui n’ont rien eu de commun avec les Armoriques, si ce n’est d’avoir occupé une portion de la patrie des derniers.


LIVRE 4 CHAPITRE 9

CHAPITRE IX.

Des établissemens que Clovis aura pû faire dans les Gaules après la réduction des Armoriques, & de la jalousie que les Visigots conçurent contre lui. De l’époque tirée de l’année de la mort de Saint Martin.


Les deux évenemens importans dont nous venons de faire l’histoire, et qui rendirent Clovis maître de tous les pays qui sont entre la Seine et la Loire, ainsi que du Berri et des autres contrées que pouvoient encore tenir les troupes Romaines qui capitulerent avec lui, le rendirent en même-tems un prince puissant, et en état de faire beaucoup de graces à ceux qui s’attacheroient à lui. En effet les revenus de tant de riches provinces donnoient au roi de la tribu des Saliens le moyen de faire toucher régulierement une grosse solde à ses troupes et le moyen de pourvoir avantageusement les soldats mariés ou ceux qui voudroient se retirer. Ainsi l’on croira sans peine que dès-lors plusieurs Francs des autres tribus s’en séparerent pour s’incorporer dans celle des Saliens, et même que des tribus entieres s’attacherent à Clovis, afin d’obtenir de ce prince qu’il leur donnât dans les Gaules des quartiers tels que les Romains y en avoient donné dans les tems précedens aux confédérés. C’est apparemment ce que fit alors la tribu qui avoit pour son chef Regno-

  1. Ancien Etat de la petite Bret. pag. 93