Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/132

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que Saint Martin expiroit, un chæur céleste qui chantoit dans les airs. » Sévérinus s’étant mis en priere, il apprit par révelation, que les chants qu’il entendoit étoient ceux des puissances célestes qui venoient recevoir l’ame de saint Martin.

Notre historien dit encore en parlant de la naissance de saint Martin qu’il vint au monde la onziéme année de l’empire de Constantin, laquelle tombe en l’année trois cens seize de Jesus-Christ. Or en ajoutant à cette année les quatre-vingt-un an que s Martin a vécu suivant Gregoire De Tours, on trouvera que ce saint doit être mort en trois cens quatre-vingt-dix-sept.

Enfin une hymne qui se chante le dixiéme novembre veille du jour de la fête de saint Martin dans l’église bâtie sur son tombeau, dit : « Le saint qui venoit de rétablir la paix parmi les ecclésiastiques de Candes, y mourut le jour du seigneur sur le minuit. » Tout le monde sçait que dans le style de la religion chrétienne, le jour du seigneur veut dire le dimanche.

Il est donc hors de doute que saint Martin est mort un dimanche. Quant à l’année de cette mort, comment est-il possible que notre historien s’y soit trompé, lui qui étoit évêque de Tours, et qui par conséquent avoit à sa disposition les diptiques de son église et je ne sçais combien de Chartres datées par consulat, et dans lesquelles il devoit souvent être fait mention de l’année de la mort de saint Martin le plus illustre de ses prédecesseurs. On observera encore qu’il n’y avoit pas deux cens ans que l’apôtre des Gaules étoit mort lorsque Gregoire De Tours écrivoit, et la tradition soutenue par les fêtes anniversaires qui furent instituées en l’honneur de notre saint soixante ans après sa mort, devoit avoir conservé dans la Touraine la mémoire de l’année où il étoit décedé[1]. Supposé que Gregoire de Tours se fût trompé sur la date de la mort de saint Martin, en écrivant celui de ses deux ouvrages que nous avons cités lequel fut publié le premier, ses propres diocésains se seroient soulevés contre l’erreur ; ils lui auroient indiqué des monumens, ils lui auroient allegué des faits capables de l’éclairer. Notre auteur

  1. Gr. Tur. Histor. 1. cap. 84.