Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/135

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telle qu’elle se trouve dans les deux passages de ce dernier auteur qui ont été rapportés. Ces contradictions ont été recueillies par les sçavans qui ont discuté le plus exactement la matiere dont il s’agit.

Je dirai en répondant à la premiere objection, qu’elle n’est point aussi solide qu’elle le paroît d’abord, et cela, parce qu’elle est fondée sur la fausse supposition, que l’église célebre le jour de la mort de saint Martin l’onziéme de novembre. Cela n’est point. La fête que l’église celebre ce jour-là, n’est point la fête anniversaire du passage de saint Martin à une meilleure vie, mais bien la fête anniversaire de son inhumation. Elle est in depositione, et non pas in transitu beati martini. Entrons en preuve.

Il est dit dans le préambule des actes du premier concile de Tours qui commença ses séances le dix-huitiéme novembre de l’année quatre cens soixante et un. « Plusieurs évêques s’étant assemblés à Tours pour y assister à la fête qui s’y célebre en mémoire de la réception du corps de saint Martin. » Ce saint étant mort à Candes le dimanche huitiéme novembre de l’année trois cens quatre-vingt-dix-sept ; et il est très-vraisemblable que son corps n’ait été apporté à Tours que trois ou quatre jours après son décès, et qu’il ait été inhumé le même jour qu’il y arriva, dans la crainte des inconvéniens qui seroient arrivés, si l’on eût tardé à l’inhumer. Cette crainte aura été d’autant mieux fondée, que les Poitevins prétendoient que les reliques de l’apôtre des Gaules leur dussent appartenir, qu’on ne les avoit enlevées que par surprise, et que dans ce tems-là on inhumoit encore en France les morts à visage découvert et hors des villes.

D’ailleurs, ce qui suffiroit seul à prouver ce que nous avons avancé, Gregoire De Tours lui-même dit positivement que la fête anniversaire que l’église fait l’onziéme novembre en l’honneur de s Martin, se célebre en mémoire de la déposition ou de l’inhumation de notre saint. On va lire les propres paroles dont se sert cet auteur dans l’endroit de son Histoire, où il fait mention de l’église bâtie sur le tombeau de l’apôtre des Gaules par saint Perpéte l’un de ses successeurs. C’est le même évêque