Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/137

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que Severe Sulpice a été disciple de saint Martin, il est aussi très-vrai que lors qu’il nous indique la date de quelques évenemens particuliers de la vie de saint Martin, ce n’est, pour ainsi dire, que par occasion qu’il parle du tems de la mort de cet évêque, et moins pour nous apprendre en quelle année elle arriva, que pour nous dire que saint Martin ne voulut pas depuis le concile de Tréves assister à aucune assemblée d’évêques, quoiqu’après ce concile il eut encore vêcu un grand nombre d’années. Sévere Sulpice quand il écrivoit dans cette intention, n’aura point calculé bien exactement les années qui pouvoient s’être écoulées depuis le concile de Tréves, jusques à la mort de saint Martin. Pour ce qui regarde Grégoire de Tours, n’est-il pas mille fois plus probable que les copistes ayent alteré les chiffres numeraux des dates qui ne quadrent point avec celle qu’il a lui-même établie expressément et en comptant par consuls, qu’il ne l’est que cet historien se soit trompé sur les consuls ? Car, comme nous l’avons observé déja, s’il y a faute dans ces deux endroits, elle retombe nécessairement sur lui, elle ne sçauroit être rejettée sur ses copistes. Ces dates rebelles, si j’ose m’exprimer ainsi, auront été alterées, comme la date de la mort d’Euric l’a été du consentement de tous les critiques, et comme l’a été encore, de leur consentement unanime, la date de l’élévation de Licinius à l’épiscopat de Tours. C’est ce que nous exposerons plus bas. Comme notre discussion n’est déja que trop longue, je supplie le lecteur de trouver bon, que pour la conciliation de toutes ces dates particulieres, je le renvoye au livre du Pere Le Cointe, à celui de Monsieur Anthelmi, enfin à celui de Monsieur Gervaise.

Ce fut donc vers l’année quatre cens quatre-vingt-dix-huit que Volusianus mourut dans le pays de Foix, où il étoit relegué. Verus son successeur eut la même destinée que lui. » Verus, dit notre historien, fut le huitiéme évêque de Tours, & le cinquiéme successeur de saint Martin. La réputation d’être attaché aux interêts des Francs, laquelle avoit rendu Volusianus son predécesseur suspect aux Visigots, leur rendit aussi Verus très-suspect. Ils le releguerent, & il mourut dans le lieu de son exil après un Pontificat de onze ans & huit jours. »