Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’Occident ; soit qu’Anastase ait cherché querelle à Theodoric sur la maniere dont il gouvernoit en Italie, la guerre s’alluma entre ces deux princes[1]. Il y a même apparence que la guerre que les Bourguignons faisoient aux Ostrogots dans le tems de la conversion de Clovis et dont nous avons parlé, fut une suite de celle que les Romains d’Orient avoient alors contre ces mêmes Ostrogots.

Theodoric qui vouloit être tranquille en Italie afin de pouvoir exécuter le projet d’étendre son pouvoir au-de-là des Alpes[2], et d’assujettir, s’il étoit possible, toutes les Gaules au nouveau thrône qu’il venoit d’élever dans Rome, comprit bientôt qu’il ne regneroit jamais paisiblement en Italie, tant qu’il seroit en rupture avec l’empereur d’Orient. Ce dernier y avoit des creatures, et d’ailleurs il n’étoit pas bien facile d’accoutumer les Romains, qui presque tous étoient catholiques, à se reconnoître sujets d’un roi barbare, et qui faisoit encore profession de l’arianisme. Il fallut donc que le roi des Ostrogots prît le parti de rechercher l’amitié de la cour de Constantinople, afin que, pour ainsi dire, elle le présentât de sa main aux peuples de l’Italie, comme celui qu’ils devoient reconnoître pour leur chef. Quelles furent les conditions du traité qui se conclut alors entre les deux puissances ? La suite de l’histoire porte à croire que le fondement et la base du traité, fut la cession ou absolue, ou conditionnée, que fit l’empereur en faveur de Theodoric, premierement de l’Italie entiere, la Sicile y comprise, secondement de celle des cités des Gaules que l’empereur Nepos s’étoit reservées par sa convention avec Euric en l’année quatre cens soixante et quinze, et dont les Bourguignons ou les Visigots ne s’étoient point emparés depuis ; enfin la cession de la partie des provinces Romaines situées entre les Alpes et le Danube, laquelle étoit encore sous la domination de l’empire d’Occident, lorsque son trône fut renversé en quatre cens soixante et seize, et qu’Odoacer se mit en possession des pays qui obéïssoient actuellement aux officiers de l’empereur de Rome. Comme nous n’avons point le traité d’Anastase et de Theodoric, et même comme nous n’en avons aucun extrait, nous n’en sçavons certainement que deux conditions. La premiere est, que Theodoric ne nommeroit point de son autorité le consul d’Occident, mais qu’il presenteroit chaque année à l’empereur d’Orient un sujet pour remplir l’une des deux places de consul de la republique Romaine, et que le sujet que Theodoric au-

  1. En 408.
  2. Sirm. in notis ad Avit. pag. 56. Cassi. Var. libr. pr. Ep. I.