Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/148

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Patritius et d’Hypatius, il se donna auprès de Dijon entre les Bourguignons & les Francs, une bataille. Godégisile qui avoit prémedité de trahir son frere, se joignit lui & les siens aux Francs dans le tems que commençoit la mêlée. Après la déroute de Gondebaud, Godégisile fut maître pour un tems des Etats de ce Prince infortune, qui s’étoit jetté dans Avignon. » Ainsi l’on voit combien le pere Rouyer a eu tort de croire que ce fut dans l’année d’après le baptême de Clovis, c’est-à-dire en l’année quatre cens quatre-vingt-dix-sept, que ce prince fit les conquêtes qu’il dit dans sa chartre octroyée à saint Jean De Reomay, avoir faites la premiere année de son christianisme. Reprenons la narration de Gregoire de Tours.

» Godégisile se mit en possession des Etats de son frere, & comptant la guerre finie, il se fit reconnoître pour Roi dans la Ville de Vienne, qui en étoit la Capitale. Il promit de nouveau d’accomplir sincérement son traité avec Clovis, & de lui remettre une partie du Pays tenu par les Bourguignons. Clovis de son côté poursuivit Gondebaud dans le dessein de le faire prisonnier, & d’en disposer ensuite comme il le trouveroit à propos. Ainsi la crainte qu’avoit le Roi des Bourguignons de perdre la vie de la même maniere que Syagrius l’avoit perdue, li jamais il tomboit entre les mains des Francs, devint extrême lorsqu’il vit leurs Pavillons tendus devant la Ville d’Avignon où il s’étoit renfermé. Il s’adressa pour être tiré d’embarras à un de ses Ministres nommé Arédius ou Aridius, personnage d’une prudence rare & capable neanmoins des actions les plus hardíes. Vous voyez, lui dit Gondebaud, à quelle extrêmité me voilà réduit par ces Barbares qui en veulent également à ma Couronne & à ma vie : Conseillez-moi ? Quel parti prendre. Je ne vois, répondit Arédius, qu’un moyen de nous sauver du naufrage, c’est de calmer Clovis. Je vais donc, si vous approuvez mon projet, feindre d’abandonner votre service pour m’attacher au sien, & j’espere venir à bout de l’amener au point de vous laisser la vie & même la Couronne. Il faudra seulement que vous acceptiez toutes les conditions dont je conviendrai avec lui, & vous les tiendrez jusqu’aux tems où la Providence vous sera plus favorable qu’aujourd’hui. Gondebaud agréa le projet d’Aridius, qui, bientôt après se fit presenter à Clovis