Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/150

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ches inutiles. Malheureusement pour lui, il compris dans leur nombre un des Fonteniers de la Ville. Cet ouvrier indigné du peu de cas qu’on avoit fait de lui, vint trouver Gondebaud, & il lui enseigna le moyen de surprendre Vienne, en y entrant par un aquéduc lequel y portoit de l’eau, & qu’il indiqua. On fit usage de cet avis. Un corps de troupes à qui le Fontenier servoit de guide, défila par le conduit de cet aquéduc qui entroit fort avant dans la Ville, & lorsqu’il fut par venu jusqu’à un regard que cet ouvrier ne connoissoit que trop bien, on écarta avec des leviers la pierre qui en fermoit l’ouverture. Les Soldats déboucherent ensuite par cette issuë, & ils se mirent en bataille dans les derrieres des troupes ennemies qui gardoient les remparts. Dès que le corps de troupes qui étoit entré dans Vienne se fût formé, il fit connoître à son armée par des signaux, qu’il avoit pris poste dans la Ville, & il s’avança jusqu’aux portes dont il ne lui fut pas bien difficile de se rendre maître. En même tems celles des troupes de Gondebaud qui étoient demeurées dans son camp, s’aprocherent de la Place comme pour l’insulter, & les assiegés qui se virent attaqués dans le même tems en tête & en queuë ne songerent plus qu’à se sauver dans les aziles des Temples. Godégisile lui-même se réfugia dans une Eglise Arienne, & c’est-là qu’il fut tué avec un Evêque de cette Communion. Quelques Francs qui s’étoient attachés au service de ce Prince malheureux, prirent leur parti en gens de guerre, ils se jetterent dans une Tour pour s’y défendre le plus longtems qu’ils le pourroient. Quand ils furent enfin réduits à se rendre, Gondebaud ne permit pas qu’on leur fît d’autre déplaisir que celui de les désarmer, après quoi il les envoya à Toulouse, pour y être remis entre les mains d’Alaric Roi des Visigots. Il ne traita point avec la même clémence les Senateurs des Cités qui l’avoient abandonné, ni ceux des Bourguignons qui s’étoient déclarés pour Godégisile. Gondebaud les fit mourir, & il remit ensuite sous son obéissance tout le pays connu aujourd’hui sous le nom du Royaume de Bourgogne, où il publia un nouveau Code, dans lequel il y avoit plusieurs