Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/154

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ses Sujets, une portion considérable du territoire de son ennemi. C’est ainsi, dit Procope, en parlant relativement à ce qu’il venoit d’écrire touchant les Ostrogots, & à ce qu’il avoir déja écrit précedemment concernant les progrès des Francs & ceux des Visigots : » Que les Francs & les Gots s’emparerent d’une partie des Gaules. »

Quels furent les pays dont Theodoric se mit alors en possession. Ce fut la ville de Marseille et la province Marseilloise prises sur les Visigots par les Bourguignons après la mort du roi Euric. Ce fut à l’exception de la ville d’Arles, qui, comme on l’a déja vû, demeura au pouvoir des Visigots, et qui appartenoit encore à leur roi Alaric second en cinq cens trois, et qui suivant la vie de S. Césaire, passa immédiatement des mains des Visigots en celles des Ostrogots, tout le pays renfermé entre la Durance, les Alpes, la Mediterranée et le bas-Rhône. En effet, on verra lorsque nous en serons à l’année cinq cens sept, que Marseille et les places voisines étoient déja cette année-là au pouvoir des Ostrogots. Or comme aucun auteur ancien ne dit en quelle année précisément Theodoric conquit sur Gondebaud Marseille et les cités adjacentes, on ne sçauroit mieux placer cette conquête qu’en l’année cinq cens, et cela d’autant plus que Procope écrit positivement que dans la guerre qui se fit cette année-là entre Theodoric et Gondebaud, Theodoric se rendit maître d’une portion considérable des Etats de Gondebaud. Ainsi ç’aura été durant cette guerre que Theodoric se sera fait dans les Gaules une petite province, dont nous le verrons dans la suite étendre encore les limites, à la faveur d’autres conjonctures.

Il est vrai que le Pere Laccary et plusieurs autres historiens ont cru que Theodoric n’avoit jamais été souverain de son chef dans la partie des Gaules dont il s’agit. Ils soutiennent qu’elle faisoit encore une portion de la monarchie des Visigots, la cinquiéme année du sixiéme siecle, et que Theodoric n’y fut le maître durant plusieurs années qu’au nom et en qualité de