Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/155

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tuteur de son petit-fils Amalaric roi des Visigots, lorsque cet enfant eût perdu son pere Alaric second tué par Clovis dans la bataille donnée à Vouglé en cinq cens sept. Ils alleguent pour appuyer leur sentiment que parmi les évêques qui ont souscrit les actes du concile tenu dans Agde en cinq cens six sous le bon plaisir d’Alaric second, il y en a plusieurs qu’on sçait avoir eû leurs sieges en Provence, et qui n’y auroient point assisté si ces sieges n’avoient pas été encore dans ce tems-là sous la domination d’Alaric.

Cette raison ne me paroît pas bien fondée. La regle qu’on suppose generale, et qui vouloit que les évêques n’assistassent point aux conciles nationaux tenus dans un autre Etat que celui dont ils se trouvoient sujets, n’étoit pas, comme nous le dirons ailleurs, une regle sans exception. Or si elle a pû en souffrir une, ç’a été à l’occasion du concile tenu dans Agde en sept cens six sous le bon plaisir d’Alaric souverain de cette ville-là. Theodoric étoit originairement de même nation qu’Alaric. Theodoric étoit beau-pere de ce prince, et comme nous le verrons, son fidele confederé. Ainsi le roi des Ostrogots aura bien pû permettre aux évêques de cinq ou six diocèses qu’il tenoit alors dans les Gaules et qui n’étoient point en assez grand nombre pour tenir un concile national en leur particulier, de se rendre au concile d’Agde pour y conferer et statuer conjointement avec leurs collegues, sujets d’Alaric, sur les besoins communs de leurs églises.

D’un autre côté l’on trouve dans les lettres de Cassiodore plusieurs choses qui font voir que ce n’a point été comme tuteur d’Amalaric, mais à titre de conquerant que Theodoric a agi en maître dans la province Marseilloise et dans la partie des Gaules dont il est ici question. Rapportons quelques-unes de ces lettres, et commençons par celle que Theodoric lui-même adresse à tous les citoyens de la province qu’il tenoit dans les Gaules, et dans laquelle il leur donne part de la nomination qu’il venoit de faire du senateur Gemellus, pour exercer