Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je conclus donc que la province des Gaules que nous venons de désigner, étoit, comme le dit Gregoire De Tours, au pouvoir des Bourguignons, lorsque Theodoric et Clovis leur firent la guerre l’année cinq cens, et qu’elle fut l’acquisition que le roi des Ostrogots fit alors sans effusion de sang, et de la maniere que le raconte Procope.

Quelques historiens ont cru que Clovis avoit fait deux fois la guerre aux Bourguignons, et que la narration de Grégoire de Tours et la narration de Procope, lesquelles nous venons de rapporter, ne sont pas le récit de la même guerre, mais bien les récits de deux guerres differentes. Suivant ces auteurs modernes, Clovis eut pour allié dans la premiere de ces deux guerres, qui est celle dont parle Gregoire de Tours, le roi Godégisile, frere de Gondebaud ; et dans la seconde qui est celle, dont parle Procope, il eut pour allié Theodoric roi des Ostrogots. Les auteurs dont je parle, placent, mais sans marquer précisément en quelle année, la guerre où Clovis eut Theodoric pour allié, après celle où ce prince avoit eu Godégisile pour allié, et qui se fit constamment en l’année cinq cens. C’est déja une espece de préjugé contre la verité de cette seconde guerre, qu’on ne puisse point en trouver l’année. D’ailleurs leur supposition est démentie par le témoignage de l’évêque d’Avanches, dont on ne sçauroit contester la validité, attendu le tems et le lieu où a vêcu celui qui le rend. » L’année même, dit cet Auteur, que Gondebaud avoit été défait auprès de Dijon, c’est-à-dire, l’année cinq cens, il remit une armée sur pied, & vint assieger Vienne où son frere Godégisile se tenoit. Gondebaud après avoir pris la Place, fit tuer son frere, & il fit mourir dans les supplices les plus cruels, un grand nombre de Senateurs & de Bourguignons qui s’étoient déclarés contre lui. Il recouvra donc les Etats qu’il avoit perdus, & il se mit encore en possession de ceux qui avoient appartenu à Godégisile. Gondebaud regna ensuite heureusement jusques à sa mort. » L’évêque d’Avanches ne se seroit point expliqué de cette maniere, si Gondebaud eût essuyé après son rétablissement arrivé l’année cinq cens, une guerre aussi désavantageuse que celle dont parle Procope.