Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/159

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Il est vrai qu’il paroît étrange dès que Procope et Gregoire de Tours ont voulu parler tous deux de la guerre faite en cinq cens aux Bourguignons, que d’un côté Procope n’ait rien dit des liaisons des Francs avec Godégisile, et que d’un autre côté Gregoire de Tours n’ait pas fait mention de l’alliance des Francs avec Theodoric. Mais sans redire ici les raisons que ces historiens auront euës d’en user comme ils ont fait, et que nous avons touchées ci-dessus, ne leur fait-on point commettre une omission bien plus blâmable, quand on veut supposer qu’ils ont entendu parler de deux guerres differentes ? Procope seroit-il excusable de n’avoir rien dit de la premiere guerre des Francs contre les Bourguignons ? Et Gregoire de Tours le seroit-il de n’avoir rien dit de la seconde ?

Enfin je répondrai, que le silence de Gregoire de Tours sur le traité de ligue offensive conclu entre Clovis et Theodoric contre Gondebaud vers l’année cinq cens, ne doit pas plus faire douter de la verité de cette alliance, que ce silence de cet historien sur un pareil traité conclu entre Clovis et Gondebaud l’année cinq cens six contre les Visigots, doit faire douter de la verité de ce second traité[1]. Or l’on verra quand il sera question de la guerre de Clovis contre Alaric, qu’il y eut certainement dans ce tems-là un traité de ligue offensive, conclu entre Clovis et Gondebaud contre les Visigots, quoique Gregoire De Tours ne dise rien de cette alliance.

Nous observerons encore qu’en conferant la narration de Procope avec celle de Gregoire De Tours, on ne laisse pas, nonobstant leurs omissions, de voir que l’un et l’autre ils ont voulu parler de la même guerre. Procope et Gregoire de Tours s’accordent à dire que dès le commencement de la guerre dont ils parlent, il se donna une bataille décisive, dans laquelle les Francs défirent à platte-couture les Bourguignons. Si Gregoire De Tours raconte que Gondebaud après la perte de la bataille de Dijon, ne put faire mieux que de se jetter dans Avignon, qui étoit à l’autre bout de son royaume, et que Clovis ayant mis le siege devant cette place, il fut obligé à le lever ; Procope rapporte aussi que les Bourguignons se sauverent dans les places qui étoient à l’extrêmité de leur pays, après qu’ils eurent perdu la bataille, et que ces places furent leur salut.

Enfin nous sçavons par les actes d’une conference tenue à Lyon sur les matieres de religion en quatre cens quatre-vingt-dix-neuf, et dont nous allons parler, que Clovis qui pour lors

  1. Voyez ci-dessous.