Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/160

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se disposoit actuellement à faire sa premiere guerre contre les Bourguignons, s’étoit joint publiquement à un allié qui étoit déja en guerre avec eux[1]. Gondebaud le dit positivement en parlant aux évêques qui étoient de la conference : certainement l’allié qu’il reprochoit à Clovis, n’étoit point Godégisile. Il pouvoit bien veritablement être dès-lors ligué avec Clovis, mais leur union étoit si secrette que Gondebaud qui parle lui-même dans les actes de notre conference de cet allié, déclaré qu’avoit Clovis, ne sçut les liaisons de son frere avec le roi des Francs, qu’après le commencement de la bataille de Dijon. D’ailleurs, quand on fait réflexion à la situation où les Gaules étoient en l’année cinq cens, on voit bien que cet allié de Clovis déclaré dès l’année quatre cens quatre-vingt-dix-neuf, ne pouvoit être autre que Theodoric qui depuis quelques années étoit déja en guerre contre Gondebaud. En effet, Alaric roi des Visigots entroit si peu dans cette querelle, que Gondebaud mit comme en dépôt entre les mains de ce prince, les Francs que les Bourguignons firent prisonniers de guerre à la prise de Vienne. Dès qu’il paroît que Theodoric a été l’allié de Clovis dans la guerre que celui-ci fit aux Bourguignons l’année cinq cens, il est inutile d’imaginer une seconde guerre des Francs contre ces barbares, pour appliquer à cette guerre, l’endroit de Procope que nous expliquons.

Le Pere Le Cointe[2] embarrassé par les difficultés que nous avons tâché d’éclaircir, a cru que Procope avoit voulu parler dans cet endroit-là, de la guerre que les fils de Clovis firent aux Bourguignons en cinq cens vingt-trois et quand Theodoric vivoit encore. Mais les circonstances de la guerre que les Francs firent aux Bourguignons en cinq cens vingt-trois, et que nous rapporterons quand il en sera tems, ne quadrent point avec celles qu’on lit dans le passage de Procope dont il est ici question. D’ailleurs, il est sensible par le tissu de la narration de cet historien, que dans le passage qui vient d’être rapporté, il veut parler d’un évenement antérieur à la guerre que Clovis fit contre les Visigots en cinq cens sept, et non pas d’un évenement qui n’est arrivé qu’en cinq cens vingt-trois, et seize ans après la guerre de cinq cens sept.

En effet, Procope dans la digression qu’il fait pour instruire son lecteur de la maniere dont la monarchie des Francs avoit été établie dans les Gaules[3], dit immédiatement après avoir parlé de leur association avec les Armoriques, et du serment prêté

  1. Se cum inimicis meis sociavit.
  2. Ann. Eccles. Fran. Tom. 1. p. 331.
  3. En 497.