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LIVRE 4 CHAPITRE 12

CHAPITRE XII.

De la part qu’eurent les interêts de la Religion aux disgraces & aux prospérités de Gondebaud, durant le cours de la guerre qu’il soutint contre Clovis et Theodoric.


On vient de lire dans les chapitres précedens deux révolutions des plus surprenantes dont l’histoire fasse mention, l’une et l’autre arrivées en moins d’un an. On y voit d’abord un roi établi sur le trône il y avoit vingt-cinq ans, et dont les Etats s’étendoient depuis les confins du diocèse de Troyes jusqu’à la Méditerranée, réduit après avoir perdu une bataille sur l’Ousche, à s’aller jetter dans Avignon. Non-seulement il se trouve hors d’état de mettre une nouvelle armée sur pied, mais ce prince que l’histoire ne represente point comme un homme timide, n’ose entreprendre la défense des villes qui sont sur la Saone ; il n’ose même s’enfermer dans l’ancien Lyon, que son assiette sur une montagne presqu’entourée par la Saone, rendoit si propre pour arrêter une invasion. Enfin Gondebaud n’a point la hardiesse de défendre Vienne qui étoit sa capitale, ni aucune des villes qui sont au-dessus d’Avignon, où il se jette, peut-être par l’impossibilité d’aller plus loin. Tout d’un coup la fortune change de face. Celui qui n’avoit osé défendre Lyon et tant d’autres villes, défend Avignon avec tant de succès, que Clovis est intimidé à son tour. Il désespere de prendre jamais la place, et levant le siége après un accord dont il ne reçoit d’autre garant que la parole de son ennemi, il se retire dans son propre pays. A peine a-t-il évacué les Etats de Gondebaud, qui sans doute avoit promis de laisser en paix Godégisile l’allié de Clovis, que Gondebaud abandonné de tout le monde quelques mois auparavant se remet en campagne. Tout le monde le rejoint, et bientôt il se trouve à la tête d’une nombreuse armée. Il assiége sans aucun ménagement pour les Francs, Vienne, où Godégisile que tout le monde abandonnoit à son tour, avoit été réduit à s’enfermer. La place est prise, Godégisile est tué dans l’azile où il s’étoit sauvé, Gondebaud est rétabli dans tous ses Etats, et même il se rend maître du partage de ce frere. Clovis, on sçait si ce prince étoit endurant ou timide, ne reprend point