Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/168

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quit, et qui se déclarerent catholiques. Suivant les apparences, Gondebaud qui avoit beaucoup de confiance dans la sagesse d’Aridius, ne lui avoit point caché le parti qu’il prenoit, et ce ministre qui étoit Romain, eût été bien-aise d’épargner aux prélats de sa communion une tentative infructueuse.

On peut bien juger que les évêques catholiques auront pris aussi un parti de leur côté, et que peu soigneux après cela d’aider Gondebaud à trouver de l’argent et des soldats, ils auront du moins laissé agir Clovis. Ils auront seulement engagé Aridius, qui restoit auprès de Gondebaud, à profiter des bons mouvemens, que les disgraces que ce prince alloit essuyer, exciteroient en lui, pour tâcher de l’amener à la véritable religion. Qu’arrive-t-il dans la suite ? Gondebaud abandonné de tout le monde et renfermé dans Avignon, s’y sera repenti du parti qu’il avoit pris à Lyon. Il aura pour ramener les Romains ses sujets, promis deux choses : l’une de se faire instruire, l’autre de publier sa loi Gombette, ou son nouveau code. Là-dessus Aridius aura été trouver Clovis, et après lui avoir expliqué les suites de la révolution qui alloit arriver dans les esprits, il lui aura fait comprendre que l’armée des Francs étant engagée aussi avant dans le pays ennemi qu’elle l’étoit, elle alloit se trouver incessamment affamée et coupée, parce que ceux qui avoient été jusques-là leurs amis secrets, alloient devenir leurs ennemis déclarés. Clovis informé de plus d’un endroit qu’Aridius ne lui disoit que la verité, aura pris le parti que nous avons vû qu’il prit, quoiqu’il jugeât bien que Gondebaud ne lui payeroit pas long-tems le tribut annuel qu’il lui faisoit offrir. Mais la promesse seule de ce tribut mettoit à couvert l’honneur des armes de Clovis. Dans la suite des tems, Gregoire de Tours, soit parce qu’il ne sçavoit point le secret de la négociation d’Aridius, soit parce qu’il n’a voulu rapporter que celles des circonstances de la retraite de Clovis, qui pouvoient faire honneur à la mémoire de ce prince, n’aura parlé que des conditions du traité, et il n’aura rien dit de ses motifs veritables qui furent la nécessité de le signer, à laquelle le roi des Francs se voyoit réduit par le changement des esprits.

Il est vrai que je n’ai pas trouvé dans aucun écrivain ancien que Gondebaud eût promis dans le tems qu’il étoit enfermé dans Avignon, de publier son nouveau code, et de se faire instruire ; mais je me fonde sur deux raisons pour le supposer. La premiere, est que Gondebaud se conduisit, aussi-tôt qu’il eût été rétabli,