Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/188

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dire distinctement que Quintianus avoit été chassé deux fois de son siége. Je ne crois pas avoir eu tort en cela. Premierement, les deux exils de Quintianus sont rendus constans par la suite de l’histoire. On y verra distinctement que ce prélat fut obligé à s’exiler lui-même avant que Clovis eût commencé ses hostilités contre les Visigots, et qu’il fut chassé de son siége après la mort de Clovis et sous le regne de Thierri le fils aîné de ce prince. D’ailleurs en mettant au commencement de la narration des événemens de la guerre de Clovis contre Alaric, un récit suivi de toutes les differentes avantures de Quintianus, on rend l’histoire de cette guerre et celle des évenemens qui en furent la suite, beaucoup plus facile à entendre.

Aussi-tôt que Clovis eut été informé de la retraite forcée de Quintianus[1], il monta à cheval, comme nous le dirons bientôt, et dès l’entrée de la campagne, il donna la bataille de Vouglé, après laquelle il envoya son fils Thierri soumettre la cité d’Albi, le Rouergue et l’Auvergne. On peut donc bien croire que Quintianus, pour ainsi dire le martyr des Francs, fut dès l’année cinq cens sept rétabli dans son siege. Ainsi pour cette fois-là Quintianus ne sera demeuré en Auvergne que durant quelques mois, et il n’aura point joui long-tems des revenus que l’évêque de ce diocèse lui avoit assignés pour sa subsistance. Quintianus sera donc revenu dès-lors dans son diocèse, où il étoit encore en possession de la crosse, lorsqu’en l’année cinq cens onze il assista au concile tenu dans Orleans sous le bon plaisir de Clovis et qu’il signa les actes de cette assemblée. Qu’arriva-t-il dans la suite ?

» Les Visigort, dit Gregoire de Tours, ayant reconquis après la mort de Clovis une partie des Pays qu’il avoit conquis sur eux, le Roi Thierri envoya son fils Théodebert, & le Roi Clotaire envoya en même tems Gonthier son fils aîné, pour reprendre ces Pays-là ; mais Gonthier se contenta de s’avancer jusqu’au Rouergue, & sans qu’on pénetrât le motif de sa conduite, il rebroussa chemin brusquement. » Clovis

  1. Greg. Tur. Hist. libro 2. cap. 57.