Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/190

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nommer Quintianus pour son Successeur, mais la brigue d’Apollinaris l’emporta. Apollinaris fut donc installé, & il mourut ensuite le quatriéme mois de son Episcopat. Dès que le Roi Thierri eut appris cette mort, il fit entendre que son intention étoit, que cette fois-là, l’Eglise d’Auvergne eût à élire Quintianus pour son Chef. C’est un homme, disoit-il, à qui nous avons obligation & qui n’a été chassé de son Siege, qu’à cause de son attachement aux interêts de notre Nation. Àussi-tôt les Evêques qui s’étoient rendus en Auvergne, & le Peuple, élurent Quintianus, & ils l’installerent sur le Siege vacant par la mort d’Apollinaris[1]. » La mémoire de saint Quintianus est encore précieuse aujourd’hui aux peuples de Clermont, où ses reliques y sont exposées à la vénération des fidéles dans l’église de saint Symphorien et de saint Genest.

Nous en sçaurions probablement davantage concernant l’attachement de Quintianus pour les princes Francs, si nous avions encore la lettre qui lui avoit été écrite par Avitus évêque de Vienne. Mais, comme l’observe le Pere Sirmond, il ne nous est demeuré que la suscription de cette lettre. Le corps de la lettre est perdu. L’écrit qu’on trouve aujourd’hui placé sous le titre de Lettre d’Avitus évêque de Vienne à Quintianus évêque, est une des copies de la lettre circulaire qu’Avitus adressa aux évêques suffragans de la métropole de Vienne pour les inviter au concile qui se tint en cinq cens dix-sept à Epaone, dans le royaume des Bourguignons. Or Avitus ne sçauroit avoir adressé une de ces lettres à Quintianus, évêque d’Auvergne. Cette cité étoit sous la métropole de Bourges, et non pas sous celle de Vienne. D’ailleurs l’Auvergne n’étoit point du royaume des Bourguignons dans le tems du concile d’Epaone. Elle étoit dans le royaume des Francs. Ainsi la veritable lettre adressée à Quintianus par Avitus, est perdue. En quel tems l’a-t-elle été ? Quelles ont été les vûes de ceux qui peuvent l’avoir supprimée ? Nous l’ignorons. M Dominici de Toulouse, sçavant jurisconsulte du dix-septiéme siécle, dit dans un livre qu’il fit imprimer en 1645 tou-

  1. Greg Tur. Ruinar. pag. 1163.