Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/197

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parce qu’Alaric dont il paroît que le principal quartier étoit alors sous Poitiers, éloigné seulement de trois ou quatre lieues de la rive de la Vienne, y avoit des postes. Alaric n’auroit donc pas manqué de s’opposer à ce passage, et de profiter d’une telle occasion pour combattre les Francs avec tant d’avantage, qu’il les eut battu sans rien risquer. Il falloit ou surprendre le passage de la Vienne, ou s’exposer, en tentant de la passer malgré l’opposition des Visigots, à une défaite presque certaine. Avant que de parler de l’évenement miraculeux qui tira Clovis de l’embarras où nous le voyons, il est bon de fermer un moment Gregoire de Tours, pour ouvrir Procope, et pour apprendre de cet historien, quel étoit le projet de campagne qu’Alaric avoit fait de son côté. On en concevra mieux et l’importance dont il étoit aux Francs de passer la Vienne au plûtôt, et comment le passage de cette riviere, fut cause de la bataille de Vouglé.

Procope après avoir parlé de la guerre que Clovis et Theodoric firent conjointement aux Bourguignons en cinq cens, ajoute : » Les Francs ayant augmenté considerablement leurs forces, ils cesserent d’avoir des égards pour Theodoric, & libres de la crainte qui les avoit retenus jusqu’alors, ils se mirent en campagne pour attaquer Alaric Roi des Visigots. Aussitôt que ce Prince eur connoissance de ce qui s’entreprenoit contre lui, il eut recours à Theodoric qui se mit incontinent à la tête d’une armée pour aller secourir son gendre. Cependant les Visigots apprenant que l’ennemi campoit dans le Poitou, ils vinrent se poster sous la ville de Poitiers, & durant quelques jours, ils demeurerent derriere les retranchemens de leur camp. » Notre historien raconte ensuite comment les Visigots livrerent bataille aux Francs.

Je ne puis sans prévarication omettre d’avertir ici le lecteur, que j’ai pris la liberté de faire une correction importante dans le texte de Procope, en mettant le nom de Poitiers au lieu de celui de Carcassonne, qui se lit dans l’édition du Louvre. Voici les raisons que j’ai eues de faire un tel changement. En premier lieu, il est impossible que Procope qui doit avoir vû en Italie plusieurs Francs et plusieurs Visigots, qui s’étoient trouvés à la bataille de Vouglé, n’ait pas sçû que c’étoit sous Poitiers et