Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/218

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reste, disent les Auteurs de cette Vie, lorsque les Gots furent de retour à Arles amenant avec eux une multitude inombrable de prisonniers de guerre, ils les renfermerent dans les Eglises & dans la maison ou le cloître de la Cathédrale, qui se trouverent ainsi remplies d’Infideles. Saint Césaire employa l’argent qu’Eonius son prédécesseur avoit laissé dans la caisse de son Eglise & le prix des ornemens dont il vendit la plus grande partie, à fournir à ces Captifs des habits & des vivres dont ils avoient un extrême besoin. Il ne discontinua point ses charités jusqu’à ce qu’il les eût enfin rachetés tous. Aussi sommes-nous persuadés que ce fut par une volonté particuliere de la Providence qui vouloir mettre en un plus grand jour les vertus de ce saint Personnage de Dieu, que durant son Episcopat, Arles fur assiegé, & qu’il fut garanti d’être pris & saccagé. Voilà encore, afin de finir ce qui nous reste à dire, pourquoi cette Ville avoit passé des mains des Visigots à qui elle appartenoit auparavant dans celle des Ostrogots, pour venir dans la suite au pouvoir des Francs, où elle est encore aujourd’hui, reconnoissant pour son Roi Childebert fils de Clovis. Le Seigneur a voulu qu’on pût dire : Elle a passé de dessous le pouvoir d’une Nation sous le pouvoir d’une autre ; elle a successivement appartenu à differens Peuples, sans que Dieu ait permis qu’aucune Puissance humaine l’ait saccagée, tant qu’elle a été soumise à la conduite d’un Pasteur tel que Saint Césaire. »

Si Theodoric ne fut point trop satisfait de la conduite que saint Césaire avoit tenue durant le siege d’Arles, il fut du moins très-content de celle que tinrent dans cette occasion les autres citoyens de cette ville. Les deux lettres que nous allons rapporter en font foi. Nous avons déja observé que les sçavans étoient convaincus que les épîtres de Cassiodore, ainsi que celles de Sidonius et celles d’Avitus n’étoient point rangées suivant l’ordre des tems où elles avoient été écrites.

Celle de ces deux lettres que je crois avoir été écrite la