Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/219

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premiere, bien qu’elle ne vienne qu’après l’autre dans l’ordre où les épîtres de Cassiodore sont rangées aujourd’hui, est la lettre de Theodoric aux habitans de la cité d’Arles. Il y est dit : » Comme le premier objet d’un Souverain doit être celui de remedier avant toutes choses, aux maux que les hommes souffrent, ceux d’entre vous qui se sont trouvés dans la misere ont été le premier objet de nos soins. Nous croyons donc aujourd’hui pouvoir partager notre attention. Ainsi dans le tems même que nous faisons sentir encore les effets de notre liberalité à vos Citoyens qui sont dans le besoin, nous envoyons les sommes necessaires pour la réparation des murailles de votre Ville. »

L’autre lettre de Theodoric est adressée à Gemellus préfet des Gaules par interim, et dont nous avons déja parlé plus d’une fois. » Nous remettons, y dit le Roi des Ostrogots, aux Habitans d’Arles qui par attachement à notre service ont souffert la famine durant un siege si glorieux pour eux, la somme qu’ils devroient porter dans nos caisses pour la quatrieme Indiction ou pour le quatriéme terme des impositions faites au profit du Fisc, mais à condition qu’ils acquitteront ponctuellement les termes suivans. »

Cette quatriéme indiction n’écheoit qu’en l’année de Jesus-Christ cinq cens onze. Ainsi l’on pourroit dire que Theodoric auroit attendu bien tard à soulager les habitans d’Arles si le siége de leur ville eût été fait dès l’année cinq cens huit. Il seroit aisé de répondre que la remise dont il s’agit n’est point apparemment la premiere que Theodoric leur eut faite, quoique nous n’ayons point aucun monument de ces remises précedentes, soit parce que les lettres écrites par Cassiodore au nom de ce prince à ce sujet-là, sont perdues, soit parce que ce même prince se sera peut-être servi d’un autre ministre que Cassiodore pour donner à Gemellus ses ordres concernant les remises antérieures. D’ailleurs la guerre entre les Francs et les Ostrogots ne finit, comme nous le verrons, qu’en l’année cinq cens dix, et il se peut bien faire que tant qu’elle aura duré, l’état des finances de Theodoric ne lui ait point permis de se priver d’une partie considerable du revenu qu’il avoit dans les Gaules où il tenoit beaucoup de troupes qu’il falloit faire subsister, et qu’il ait été obligé par