Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/226

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par mon entremise, de vouloir bien ne reclamer que ceux des Captifs laïques, dont l’accident vous sera si bien connu, que serez toujours prêts à en attester la verité, en prenant à témoin le Nom de Dieu, & en jurant par l’imposition des mains que vous avez reçûë lorsque l’Eglise vous à sacrés. C’est le moyen de prévenir les inconvéniens qui dans le cours d’une enquête, naîtroient de la diversité des rapports, laquelle, comme le dit l’Ecriture, a souvent été cause que le Juste a souffert avec l’Impie. Vénérables Papes & dignes Successeurs des Apôtres, je me recommande à vos saintes prieres. »

Il suffit d’avoir une médiocre connoissance du droit Romain, suivant lequel vivoient les Romains des Gaules, pour comprendre l’importance de tout ce que Clovis avoit fait, et ce qu’il faisoit encore actuellement en faveur des évêques. Quelques vœux qu’ils eussent faits pour lui, quelques services qu’ils lui eussent rendus, ils ne pouvoient pas se plaindre de sa reconnoissance. Non-seulement il avoit exempté de toute contribution et même de tout pillage les biens appartenans aux églises, non-seulement il avoit ordonné qu’on mettroit en liberté tous les ecclesiastiques et généralement tous ceux qui étoient dans quelque dépendance temporelle des églises, ce qui étoit déja beaucoup, mais il rend encore, par sa lettre circulaire, les évêques maîtres de juger en quelque sorte, quels prisonniers de guerre devoient demeurer captifs, et quels devoient être jugés de mauvaise prise. Certes la lettre que nous venons de rapporter n’est pas celle d’un prince qui réduisît en une espece de servitude les anciens citoyens des provinces des Gaules qu’il soumettoit, ainsi qu’il a plû à des Quarts de sçavans de l’écrire. Nous parlerons ailleurs plus au long de cette opinion extravagante. Ici je me contenterai de remarquer que Clovis se tint tellement assuré du cœur des peuples dont il venoit de conquerir le pays, que bien que le Visigot leur ancien maître, eût conservé une portion de ce pays-là, ce prince y laissa néanmoins les Romains, ou ses anciens habitans, sur leur bonne foi. On voit en effet par la suite de notre histoire qu’il falloit que Clovis n’eût laissé aucun quartier des Francs dans les Aquitaines comme dans la Novempopulanie, et qu’il ne leur y eût donné aucun établissement. Sous la seconde race de nos rois, et quand la partie des Gaules qui