Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/230

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nement en cinq cens onze, il faudroit que l’épiscopat de Licinius eût commencé dès l’année cinq cens. Mais comme l’a remarqué Dom Thierri Ruinart, dont nous avons déja rapporté l’observation, on ne sçauroit soutenir que Licinius ait été fait évêque de Tours dès l’année cinq cens. En premier lieu, le diacre Leon souscrivit encore au nom de Verus prédecesseur de Licinius, les actes du concile tenu dans Agde en l’année cinq cens six. En second lieu, il est clair par la distribution des années du sixiéme siecle faite par Gregoire De Tours entre les évêques ses prédecesseurs, que Licinius n’a pû commencer son épiscopat en l’année cinq cens[1], et qu’il ne sçauroit avoir été élû avant l’année cinq cens neuf. Ainsi comme nous l’avons déja insinué en parlant du rétablissement de Childeric, il faut que l’endroit de l’histoire de Gregoire De Tours, où l’on lit que Clovis mourut la onziéme année de l’épiscopat de Licinius ait été alteré, et que les copistes ayent fait d’une seconde année une onziéme année, soit en changeant le premier point du chiffre ii, en un x, soit en faisant quelqu’autre faute pareille, quand ils ont copié les chiffres servans à marquer le nombre des années. Je n’ai point connoissance d’aucun manuscrit de l’histoire de Gregoire De Tours copié du tems des rois de la premiere race, où le nombre des années soit écrit tout au long. Dans tous les manuscrits dont il vient d’être parlé, le nombre des années est toujours marqué en chiffres romains.

Gregoire de Tours se contente de dire en géneral, que Clovis étant venu à Tours, il y fit des presens magnifiques à l’église bâtie sur le tombeau de saint Martin ; mais on trouve dans l’auteur des gestes une particularité concernant ces presens, qui merite bien que nous la fassions lire. Cet écrivain raconte que Clovis après avoir envoyé ses offrandes à l’apôtre des Gaules, voulut ensuite racheter un de ses chevaux dont il avoit fait present à l’église de ce saint. Suivant toutes les apparences, c’étoit le cheval de bataille, qui, comme nous l’avons dit, avoit

  1. Liv. 3. ch. 3.