Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/232

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ou les provisions du Consulat, que l’Empereur Anastase lui envoyoit. Quand il les eut reçûes, il se revêtit dans l’Eglise de Saint Martin de la robe de pourpre & du manteau d’écarlate. Ensuite il mit le diadême sur la tête, & montant à cheval au sortir du portique de cette Eglise, il se rendit en grand appareil à la Cathedrale de Tours. Pendant la marche il fut toujours environné d’une foule de peuple, auquel il jettoit lui-même avec un air de bonté, des pieces de monnoye d’or & d’argent : Dès ce jour-là, tout le monde appella & s’adressa à Clovis comme au Consul, & même comme à l’Empereur. » Il est important de remarquer ici que la narration que l’auteur des Gestes, Hincmar, et Flodoard nous ont laissée de ce mémorable évenement, sont conformes à celle de Gregoire de Tours. Tous ces auteurs disent en termes exprès, que Clovis fut fait consul. Leurs passages sont ici rapportés.

On sçait, qu’appeller à l’empereur, c’étoit déclarer qu’on portoit sa cause devant l’empereur. Vous avez, dit Festus, à saint Paul, appellé à l’empereur, on vous envoyera à l’empereur.

Véritablement, c’étoit être, de fait, empereur dans les Gaules, que d’y être reconnu en qualité de consul dans les circonstances où Clovis prit possession du consulat. Il étoit déja maître de presque tout ce qu’il y avoit de gens de guerre dans cette vaste contrée, lorsqu’il fut promû à cette auguste dignité, qui lui donnoit dans les affaires civiles le même pouvoir qu’il avoit auparavant dans les affaires de la guerre. Cette dignité le rendoit le superieur de tous les officiers civils des Gaules, comme il y étoit déja le chef des officiers militaires. En un mot, la nouvelle dignité de Clovis lui conferoit le droit de commander en vertu des loix à tous les Romains des Gaules qui se disoient encore sujets de l’empire, et ce prince avoit en main la force necessaire pour se faire obéir. S’il est permis de s’expliquer