Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/245

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pitre du cinquiéme livre, que quoique Charibert petit-fils de Clovis eût eu le même partage qu’avoit eu Childebert son oncle, celui des partages dont Paris étoit comme la capitale, Charibert cependant, n’avoit à sa mort qu’un tiers dans la ville de Paris.

Enfin voilà pourquoi les rois petits-fils de Clovis, à qui l’experience avoit enseigné de quelle importance il étoit qu’aucun d’entr’eux ne s’appropriât la ville capitale de toute la monarchie, avoient stipulé en faisant quelque nouveau pacte de famille ; que celui des compartageans qui mettroit le pied dans Paris sans le consentement exprès des autres, seroit déchû de la part et portion qu’il y auroit, et voilà pourquoi chacun d’eux avoit promis d’observer cette condition, en faisant des imprécations contre lui-même s’il étoit assez malheureux pour y manquer[1].

Le siege de la monarchie françoise est encore dans le lieu où Clovis le plaça en cinq cens dix. Les royaumes sur lesquels regnoient ses enfans après qu’ils eurent partagé la monarchie Françoise, ont bien eu chacune une espece de capitale particuliere, mais Paris est toujours demeuré la capitale de la monarchie Françoise.


LIVRE 4 CHAPITRE 19

CHAPITRE XIX.

Clovis, qui n’étoit encore Roi que de la Tribu des Francs, appellée la Tribu des Saliens, fait perir les Rois des autres Tribus des Francs, & il engage chacune d’elles à le choisir pour son Roi.


Nous voici arrivés à un évenement, qui par les circonstances odieuses dont il fut accompagné, et par les suites heureuses qu’il eut, paroît tenir dans l’histoire de France, une place semblable à celle que le meurtre de Remus par Romulus son frere, tient dans l’histoire Romaine. Le même esprit d’ambition qui fit penser à Romulus que le royaume qu’il avoit fondé ne pouvoit prosperer, ni même subsister, s’il falloit qu’il demeurât plus long-tems partagé entre son frere et lui, aura fait croire à Clovis que la monarchie qu’il avoit établie dans les Gaules, et qu’il prétendoit laisser à ses fils, seroit toujours mal affermie tant qu’il ne regneroit que sur la tribu des Saliens, &

  1. Greg. Tur. Lib. Hist. 6. cap. 17.