Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ceux que je vous envoye, les trésors de votre pere, qui, pour le present, ne sçauroient être mieux qu’entre vos mains. Dès que les personnes envoyées par Clovis furent arrivées, Clodéric leur fitc voir ces trésors & leur dit en leur montrant un coffre ; voilà où le Roi mon pere serroit les especes d’or. Nous vous prions, lui répondirent les autres, de fouiller jusqu’au fond de ce coffre, afin que nous puissions en voyant sa profondeur, juger un peu mieux de la somme qu’il contient. Clodéric se mit en devoir de les contenter ; mais dans le tems qu’il étoit courbé, l’un de nos émissaires lui fendit, la tête d’un coup de hache d’armes. Dès que Clovis eut été informé de la mort de ce fils dénaturé, il se rendit sur les lieux où le meurtre étoit arrivé ; il y fit assembler les Sujets de Sigebert, & il leur dit : Voici le motif qui m’ameine ici. Clodéric, à l’occasion d’un voyage que j’ai fait sur l’Escaut a mechamment repandu le bruit que j’avois dessein d’attenter à la vie de son pere mon bon parent, quoique véritablement ce fut Clodéric lui-même qui en vouloit à la vie de ce Prince. En effet ce sont des satellites envoyés par Clodéric qui ont tué son pere dans la forêt Buchovia, où il s’étoit retiré pour être à une plus grande distance des lieux où je me trouvois. Ce fils dénaturé n’a pas survêcu long-tems à son parricide, & il a été tué par des personnes que je ne connois pas, lorsqu’il fouilloir dans un des coffres du trésor de son pere. Je n’ai point trempé dans ces meurtres, & suis trop incapable de souiller jamais mes mains dans le sang de mes parens. Mais comme le mal qui est arrivé, est un mal sans remede, je crois vous donner un avis salutaire en vous conseillant de jetter les yeux sur moi, & de m’engager en me choisisant pour votre Roi, à vous défendre envers & contre tous, an péril de ma propre vie. Aussitôt les Sujets de Sigebert témoignerent par des cris de joye, » & en frappant sur leurs boucliers, qu’ils agréoient la proposition de Clovis. Ils éleverent donc incontinent ce Prince sur