Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/249

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un pavois & ils le proclamerent Roi de leur Tribu. Ce fut ainsi que Clovis vint à bout de se rendre maître des trésors de Sigebert, & de réunir aux Sujets qu’il avoit dēja, les Sujets de ce Prince malheureux.

Nous avons rapporté dès le commencement du chapitre, la réflexion que Gregoire De Tours fait sur la réussite de ce projet de Clovis.

Nous avons aussi exposé déja en plusieurs occasions que la tribu des Francs, sur laquelle regnoit Sigebert, étoit celle des Ripuaires, qui avoit fait son établissement dans les Gaules avant l’invasion d’Attila. Après ce que nous avons dit touchant les bornes de cet établissement, nous nous contenterons d’observer, que ces Ripuaires avoient aussi dans la Germanie un territoire qui s’étendoit jusques à la Fuld, riviere près de laquelle étoit la forêt de Buchovia, où Sigebert fut tué. Ce territoire étoit une portion de l’ancienne France, et les Francs l’avoient apparemment deffenduë contre les efforts que les Turingiens avoient faits pour s’en saisir, et peut-être a-t’il été la premiere possession que la monarchie Françoise ait euë au-delà du Rhin. Ce qu’on va lire, montre que d’un autre côté le royaume de Sigebert s’étendoit dans le tems où le roi des Saliens s’en rendit maître, ce qui arriva peu de tems après la mort de Sigebert, jusques aux confins de la cité de Châlons Sur Marne.

Un des plus anciens monumens de notre histoire, est la vie de saint Mesmin, second abbé de Mici dans le diocèse d’Orleans. Elle a été écrite peu de tems après la mort de ce pieux personnage, contemporain du grand Clovis. Il y est fait mention fort au long de la prise de Verdun par ce prince. Il est vrai que nos meilleurs historiens rapportent cet évenement à l’année quatre cens quatre-vingt-dix-sept, fondés sur ce qu’Aimoin en fait mention immédiatement après avoir raconté le baptême de Clovis[1] ; je crois néanmoins pouvoir le placer en cinq cens dix comme une suite de l’élection que la plûpart des Ripuaires firent de ce prince pour leur roi, après la mort de Sigebert.

Voici ma raison. Le pere Labbe nous a donné dans le premier volume de sa Bibliotheque, la chronique écrite par un Hugues qui vivoit dans le douziéme siecle, et qui après avoir été religieux du monastere de saint Vannes de Verdun, fut abbé de Flavigny en Bourgogne. Cette chronique est même aussi connuë des sçavans, sous le nom de la chronique de Verdun, que sous celui de la chronique de Flavigny. Il y est dit. Immédiatement

  1. Vales. Rer. Franc. lib. pag. 271.
    Aim. lib. pr. cap. 16 & 17.