Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/255

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Milice qui se rendoit à ses ordres & à ceux de Faron. Cependant Clovis arriva, & chargeant brusquement le peu de monde que Ragnacaire avoit děja rassemblé, il le mit en déroute. Notre malheureux Prince voulut se sauver, mais les traîtres qui étoient auprès de sa personne le firent leur prisonnier, & après lui avoir lié les mains derriere le dos, & après avoir traité de même Richarius son frere, ils presenterent l’un & l’autre à Clovis. Comment avez-vous pû souffrir, dit-il d’abord à Ragnacaire, qu’on fît au sang dont vous sortez l’affront qu’on lui a fait, quand on vous a garotté comme vous l’êtes ? Il falloit vous faire tuer plûtôt que d’endurer un pareil traitement. Ce reproche fut suivi d’un coup de hache d’armes, dont Clovis fendit la tête à Ragnacaire. Aussi-tôt après Clovis se tournant vers Richarius, il lui dit : Si vous eussiez défendu votre frere comme vous le deviez, on ne l’auroit pas garotté comme on l’a fait, & sur le champ il lui fendit la tête d’un autre coup de hache. Quelque tems après les traîtres dont nous avons parlé, s’étant apperçûs que leurs bracelets n’étoient que de cuivre doré, ils s’en plaignirent à Clovis, & l’on prétend qu’il leur répondit : Ceux qui vendent leur Maître, ne doivent point être payés en une meilleure monnoye. Ne m’importunez plus : N’êtes-vous pas encore trop heureux que je vous laisse vivre après ce qui s’est passé. Une telle réponse les fit taire, & ils regarderent comme une grace de n’être point recherchés. Au reste, Clovis étoit parent de Ragnacaire & de Richarius, qui avoient encore un frere nommé Regnomer, Roi de la Tribu des Francs, dont les quartiers étoient dans le Maine. Après la mort de ces trois Princes, Clovis se rendit maître de toutes leurs forces, & il s’empara de leurs trésors. » Gregoire de Tours ajoute immédiatement après ce qu’on vient de lire. » Ce fut par le meurtre de tous ces Princes infortunés, & de plusieurs autres Rois ses parens, dont Clovis craignoit les entreprises sur ses Etats & peut-être sur sa vie, qu’il vint à bout de faire reconnoître son autorité dans toutes les Gaules. Néan-